« La société où vous vivez a pour but de vous détruire. Vous en avez autant à son service. L’arme qu’elle emploiera est l’indifférence. Vous ne pouvez pas vous permettre d’adopter la même attitude. Passez à l’attaque ! »
Michel Houellebecq, « Frapper là où ça compte » de « Rester Vivant » (1991).
Michel Houellebecq, « Frapper là où ça compte » de « Rester Vivant » (1991).
Nous sommes dans un département français. Le couvre-feu s’installe depuis déjà plusieurs jours. L’armée entre en scène avec des jets de bombes lacrymogènes, de nuit comme de jour. Les posts sur les réseaux sociaux dénonçant ou constatant tout simplement ce qui se passe sont vite supprimés. La censure se fait quasi automatiquement. Même sur les ondes radiophoniques, on coupe ceux qui parlent de ce sujet sans filtre. Nous sommes en décembre 2019 et Macron a violé l’imaginaire collectif des Réunionnais. Personne n’avait jamais symboliquement frappé aussi fort depuis… le code noir ! Cette très grave censure des Réunionnais a été orchestrée par la préfecture avec certainement l’aval de l’Élysée. Elle est niée par les médias locaux qui ont évité d’évoquer cette nouvelle et glauque « ingénierie sociale ». C’est là que les Réunionnais ont compris qu’ils venaient de se faire symboliquement violer. D’autant plus que ce viol est devenu un tabou. Ce choc a été enfoui dans notre mémoire collective. Rien d’étonnant qu’aucun média national n’ait pu reprendre cette affaire régionale qu’ils ignorent totalement. Comment en sommes-nous arrivés à ce débordement de la crise des Gilets jaunes réunionnais ? Essayons de mettre en perspective cet environnement social chaotique…
La possibilité d’une île :
La France actuelle a un double héritage monarchique et républicain qui peut paraître antagoniste à première vue, alors qu’ils peuvent être complémentaires s’ils sont articulés avec subtilité. Le plus parfait des exemples illustrant cette articulation complexe, et le plus souvent oublié, est la loi de départementalisation des 4 vieilles colonies. Ces dernières datent toutes du 1er Empire colonial sous la Monarchie, mais cette conservation gaullienne se fait en 1946 sous la IVe République. Avec l’abandon de l’Algérie française, elle est confirmée à nouveau sous la Ve République via l’ancrage politique de Michel Debré à La Réunion où il s’est fait élire député après sa démission de Premier ministre. Debré n’était pas seulement un simple député, mais un Gouverneur qui ne disait pas son nom dans ce département-pilote pour la modernisation de l’outre-mer français, en retard sur l’Hexagone. Au bout de 75 ans, les ultramarins peuvent avoir le recul de 3 générations de l’héritage monarchico-républicain. Cependant, la consolidation du sentiment patriotique français en Outre-Mer se détériore petit à petit, remplacé par un ressentiment revanchard à cause des influences néfastes de Christiane Taubira, avec sa sacralisation mémorielle républicaine de l’esclavage et de l’itinérance mémorielle de Macron, sous l’influence de Pascale Blanchard.
Pour comprendre le terme « assimilation républicaine », il faut revenir aux bases de la Ve République : « C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne », prononcé par Charles De Gaulle le 5 mars 1959 selon Alain Peyrefitte dans « C’était De Gaulle ». Je milite pour que cette formule soit inscrite dans notre constitution, car elle peut, paradoxalement, aider la France d’aujourd’hui à dépasser ses démons postcoloniaux en redéfinissant clairement son modèle d’assimilation, c’est-à-dire le mode de vie du « Français de souche »…
D’où est-ce que tu parles camarade ?
Pour pouvoir parler de la question postcoloniale, quoi de mieux que de vous témoigner longuement de mon parcours en tant que domien/ultramarin ? J’assume totalement ici ma subjectivité, mais cela sera utile pour vous de mieux comprendre mon point de vue :
Je suis né 694 ans, jour pour jour, après la canonisation de Saint-Louis au centre-ville de… Saint-Louis de la Réunion. J’ai grandi dans une cité du quartier de Basse-Terre à Saint-Pierre, qui fut à l’époque coloniale un immense domaine agricole entretenu par des esclaves. Saint-Pierre et Saint-Louis sont deux communes voisines du sud de l’île, qui étaient à l’époque gérées par le Parti Communiste Réunionnais. Bien que j’aie vécu 22 ans de ma vie chez mes parents, j’ai également habité 5 ans vers le quartier du Chaudron, dans la capitale réunionnaise, durant mes études secondaires. L’énorme point de convergence entre ces trois quartiers, c’est qu’ils sont les trois quartiers urbains les plus pauvres et en difficulté de ce département français ultramarin, déjà économiquement marginalisé. Dans ce système produisant en masse des marginaux sociaux, ma famille a toujours tenté de survivre… L’année 1991 est une année triple symbolique :
- Au niveau international : l’année de la chute de l’Empire de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, la fin de la guerre froide et le début de la prétendue « fin de l’Histoire » avec le règne unilatéral de l’Empire global de l’Oncle Sam.
- Au niveau national : Mitterrand est le président prétendument d’un gouvernement « socialiste », ayant totalement renoncé à l’idéal socialiste ainsi qu’au compromis du programme commun avec le PCF depuis 1983. Ce dernier va masquer son tournant libéral par l’instrumentalisation du sociétal. Pas étonnant qu’à Matignon nous ayons eu la première et unique femme Premier ministre qui n’a pas raconté que des salades (éculée comme blague, j’assume).
- Au niveau régional : l’année de l’émeute du quartier urbain et populaire du Chaudron à Saint-Denis, qui a fait 8 morts lors d’un pillage et de l’incendie d’un magasin de meubles.
Quoique d’origine indo-européano-africaine, je ne me considère pas réellement comme un citoyen du monde tout simplement, car je suis enraciné sur une île et non un nomade mondialiste. J’ai donc un double ancrage régional et national : je suis un ultramarin enraciné et créolophone. Le créole est la langue de mes émotions, tandis que le français est la langue de la raison que j’utilise occasionnellement dans les institutions. Je suis donc linguistiquement non-binaire avec mon créole francisé. Les générations Y et Z passent par là. Je faisais clairement partie de cette classe populaire totalement perdante à qui on a faussement vendu le progrès de la mondialisation heureuse lors du référendum de Maastricht en 1992. Tonton David (paix à son âme !) l’a bien retranscrit en 1994 dans sa chanson « Sûr et certain » :
« Mais je suis sûr, sûr
Qu’on nous prend pour des cons
Mais j’en suis certain
Quelque chose ne tourne pas rond
Originaire d’une île classée DOM-TOM
Assistance sans calcul, mon œil de la Métropole
Par ici le Club Med, par-là les maisons de tôle
Calmer le peuple à coups de RMI
Que personne ne s’affole »
Tonton David
Lignée ancestrale des Français post-colonisés :
Les yabs, également appelés « les petits-blancs », constituent la composante principale de la population réunionnaise. Les petits-blancs, groupe ethnico-social majoritaire à La Réunion, se distinguent des « gros blancs », groupe ethnico-social minoritaire dans l’île. Les deux groupes ont une ascendance commune de colons européens. Les colons les plus fortunés sont venus s’installer directement sur l’île avec leurs épouses en provenance du vieux continent. Cependant, pour une partie non négligeable d’entre eux, leur implantation à La Réunion aux 17e et 18e siècles en tant que jeunes hommes célibataires européens pauvres s’est faite en épousant des femmes de l’océan importées sur l’île, qu’elles soient malgaches ou indo-portugaises. Le problème de consanguinité s’est posé dès les premières générations de Réunionnais, dès le début du peuplement de l’île. Ainsi, on peut déjà distinguer les colons blancs riches, qui avaient le luxe de se payer des esclaves et possédaient de grandes exploitations sur le littoral, tandis que les colons pauvres, souvent agriculteurs ou marins, étaient contraints de se mélanger pour transmettre leur sang, finissant par se marginaliser dans les hauts de l’île, sur des parcelles de terre plus escarpées. La division entre ces deux groupes est davantage une question de statut social que de pureté de leur sang respectif. En effet, l’instauration du Code noir en 1723 favorisera l’éclaircissement des premières générations de Réunionnais nés métis de ces unions mixtes, grâce à l’importation plus régulière de nouvelles familles venues d’Europe.
Sur mes 32 arrière-arrière-arrière-grands-parents, 21 sont yabs et 9 sont kafs, descendants directs d’esclaves africains. En gros, 21 de mes arrière-arrière-arrière-grands-parents sont des blancs issus d’un métissage très lointain (donc « racialement non-identifiés ») et 9 sont strictement noirs africains. C’est avec ce bagage génétique que je me considère naturellement comme un archétype de créole métis yab-kaf. Je suis donc un mélange de petit-blanc, déjà métissé depuis le 3ème siècle, qui a pu se métisser à nouveau après l’abolition de l’esclavage, là où les barrières ethniques ont pu complètement disparaître. Bien sûr, ce genre de barrière sociale et ethnique ne s’est pas effacé en un jour, mais sur plusieurs décennies, voire tout simplement plus d’un siècle pour la majorité d’entre eux. La hiérarchisation de la société coloniale créole réunionnaise en fonction de la couleur a toujours été remise en question. Je suis donc une sorte d’intermédiaire entre un quarteron et un mulâtre, c’est-à-dire un terme inexistant pour dire que j’ai près d’un tiers de sang noir.
J’ai vécu mes 19 premières années de vie à Saint-Pierre, familièrement appelée la « capitale du Sud », comme pour trouver une ville concurrente à la capitale de l’île située au Nord. J’ai effectué mes 2 premières années de licence de Géographie sur le campus sud du Tampon, commune voisine de St-Pierre, où je continuais à résider chez mes parents. Ce n’est qu’à l’âge de 20 ans, en 3ème année de Géographie, que j’ai dû emménager au CROUS du campus nord à St-Denis de la Réunion. C’est là-bas que j’ai rapidement compris que j’étais perçu exclusivement comme un yab à cause de mon accent de yab sudiste, un accent dont je n’avais pas du tout conscience avant de quitter mon sud natal (c’est-à-dire après 20 ans !). En l’espace d’une semaine d’intégration dans mon nouvel environnement du campus Nord, j’ai été étonné d’entendre trois personnes différentes me demander si je venais de St-Joseph, de la Plaine des Cafres ou de Cilaos… Ces trois villes étant archétypales et remplies d’agriculteurs yabs. Bien sûr, leurs remarques étaient moqueuses. Ce fut un choc pour moi de prendre conscience que j’avais un accent aussi prononcé. La moquerie envers les yabs est un comportement très répandu dans la société réunionnaise, où notre accent chantant est considéré comme drôle, sans réelle méchanceté. Mais ce sont les clichés sur les yabs agriculteurs arriérés, voire ploucs, qui persistent le plus. Je ne sais pas si on peut qualifier cela de racisme anti-blanc, mais j’ai rapidement compris à force de recevoir des remarques persistantes sur mon accent et mes origines de blanc… que j’ai tout fait pour gommer et que j’ai réussi à faire disparaître pendant mes 5 années d’études (ou plutôt de fête !) sur le campus de Saint-Denis, parmi une majorité de réunionnais avec l’accent créole standard, non-yab sudiste. Je me suis « assimilé » à eux par peur d’être systématiquement moqué pour mon accent et mes prétendues origines villageoises montagnardes, qui remontent en réalité à mes lointains aïeux. Contrairement à mes parents, j’ai vécu dans une cité populaire du centre-ville, très mélangée à l’image de l’île. On pourrait me comparer à un jeune prolétaire londonien des années 60 ayant connu le mouvement skinhead qui n’était originellement ni d’extrême-droite ni raciste. C’était un mouvement des années 60 dans les villes britanniques où les prolétaires blancs qui fréquentaient leurs voisins prolétaires d’origine jamaïcaine copiaient leur style vestimentaire et musical en raison de leur proximité sociale. Ainsi, la musique ska, qui est une fusion de soul et de reggae, adulée par les skinheads d’origine, est une musique qui ne me laisse pas indifférent en tant que fan d’Aretha Franklin et de Bob Marley. J’ai donc malgré moi l’âme d’un skinhead originel en tant que créole d’une cité ethniquement mixte.
Ce n’est qu’à ma dernière année de fac, après un total de 7 années d’errance (et de liberté éloignée d’une famille plus que modeste et totalement dysfonctionnelle), que j’ai commencé petit à petit à parler un peu plus régulièrement le français, à partir de mes 24 ans, dans un département français au 21ème siècle ! Tout cela parce que je fréquentais mon premier groupe d’amis créoles totalement francophones. Je les appelais les « bounty » car ils étaient tous des créoles issus de parents ayant atteint la classe moyenne grâce aux politiques de modernisation du département sous l’impulsion de Michel Debré, qui intégrait l’idée que pour que leurs enfants réussissent socialement, il ne fallait pas leur apprendre le créole, cette langue du bas peuple… Après l’arrêt de ma dernière année d’études, où j’ai dû retourner habiter chez ma famille dysfonctionnelle au chômage et au RSA de mes 25 ans jusqu’à presque mes 28 ans, avant d’aller travailler en région parisienne. Parler français était donc une nécessité pour pouvoir m’adapter à mon futur environnement, moi le plus grand créolophone devant l’Éternel ! Je me suis mis à lire davantage. C’est dans ce contexte tendu de chômage chez ma famille, dans mon pauvre quartier de pauvres, que mon meilleur ami de la fac, un zoreil (métropolitain) du PACA avec qui je parlais créole (rencontré avant mon groupe d’amis « bounty » de ma toute dernière année de fac), installé à Paris depuis la fin de ses études pour réaliser son rêve dans le monde des startups (c’est lui qui m’a créé ce blog, merci mon babtou solide), m’offre comme cadeau un billet aller-retour entre la Réunion et Paris. Le but de ce cadeau inattendu était de me faire découvrir Paris pour confirmer ma réelle envie de tout quitter à La Réunion pour tenter une expérience francilienne.
Première expérience du « racisme » (Paris, juillet 2019) :
Malgré l’émerveillement que me procure la beauté de Paris, mon séjour s’en trouve obscurci par divers événements qui se déroulent en l’espace d’une semaine. Ainsi, j’arrive à m’embrouiller avec un policier dans le métro, à me faire refouler de plusieurs établissements, à me faire fouiller dans plusieurs établissements et à me faire clasher par toute une bande de bobos qui me traitent de facho… Je suis complètement désemparé.
Mon rapport avec la ville de Paris est magique, mais mon rapport avec les Franciliens est complètement catastrophique ! En une semaine, tout est allé si vite et de pire en pire. La pire de mes mésaventures était bien sûr l’embrouille avec un policier. Heureux d’être à Paris pour la première fois de ma vie, je « snapchatais » tout ce qui me paraissait nouveau, notamment dans le métro, un monde nouveau et parallèle. J’étais un véritable extraterrestre, surexcité comme un Japonais, mais habillé comme un touriste blédard avec une tête de Maghrébin, ce qui ne m’a pas du tout aidé. Mon comportement excessif de snapchateur a agacé un policier qui m’a gueulé dessus comme jamais ! Désagréablement surpris, j’ai tenté de discuter avec ce policier qui ne voulait rien entendre, car totalement hors de lui… J’ai compris que c’était peine perdue de parler rationnellement avec un policier qui était à bout et qui pétait les plombs. J’ai ressenti à travers son regard qu’il me voyait comme un blédard/banlieusard, un « jeune » de la diversité qu’il semblait détester au plus profond de son âme, excédé par toute la racaille existante. Mais il y avait de fortes chances qu’au second tour des présidentielles, ce policier ait voté comme moi pour Marine Le Pen contre Emmanuel Macron. Mais ce vote secret ne m’a pas protégé de la haine d’un policier. J’ai quitté ce métro en pleurant. Toutes ces anecdotes de mésaventures ont commencé à remettre en question ma conception idéalisée de la France. Est-ce que la France était vraiment raciste, comme je m’étais souvent interdit de penser ? Devais-je me rendre à l’évidence ?
Réflexion que j’ai partagée avec mon meilleur ami startupper néo-parisien, originaire de Vallauris dans les Alpes-Maritimes. Il y est allé cash dans son avis : Non, la France n’est pas raciste. C’est pire, Paris est la ville des castes sociales. Si je veux arrêter d’être refoulé et fouillé dans chaque bar, restaurant et magasin dans lesquels je veux rentrer, je dois tout simplement changer de style vestimentaire de blédard des tropiques. Son conseil m’a semblé complètement tordu, mais je l’ai quand même écouté. J’ai fait ce que je n’avais jamais pensé faire : je suis allé faire du shopping dans les archétypaux magasins de vêtements préférés de la petite classe moyenne réunionnaise dont je me suis toujours éloigné. J’ai toujours aimé garder mon originalité dans mon style vestimentaire simple et décontracté aux influences urbaines 974. Je suis donc passé par la case Jules et Célio. J’ai changé ma garde-robe pour ma toute dernière semaine… Et bingo : plus aucun refoulement ni fouillage habituel de la semaine précédente. Pire encore, je fréquente rapidement des petits bourgeois parisiens avec qui je vis l’euphorie de la coupe du monde de football que la France gagne victorieusement. Je rencontre même le Premier ministre et en un tweet, j’apparais dans un court article du Nouvel Observateur :
J’ai voulu terminer mon séjour avec une expérience loufoque : m’habiller comme une racaille réunionnaise en plein Barbès ! Non seulement tous les dealers de drogue d’origine africaine m’ont interpellé, mais en plus, marcher aux côtés de mon bobo d’ami startupper a autant interpellé les dealers que les policiers dans la rue : pourquoi un potentiel trafiquant se tapait la discussion avec un businessman sortant de son site de coworking habillé de manière classe ? Le changement vestimentaire m’a permis, en une semaine, de vivre ma première et pire expérience ambigument raciste avec un policier (je dis ambigument car aucun propos lié à mon origine n’est factuellement sorti de la bouche du policier, en revanche, un énorme ressentiment était bien là donc ce sujet sous-jacent aussi), jusqu’à rencontrer le Premier ministre avec un tweet qui a fait le buzz… L’ascenseur émotionnel de Paris où tout est possible : le pire comme le meilleur ! Mes deux semaines parisiennes ont été mitigées, mais j’étais heureux de les avoir vécues, d’autant plus que la deuxième a été plus positive que la première, catastrophique. Grâce à mon meilleur ami, j’étais convaincu de vouloir revenir définitivement à Paris.
Si je dois revenir sur l’insulte facho des bobos à mon encontre, il faut d’abord savoir que j’étais conscient de ne pas évoquer des sujets politiquement orientés et que je devais rester le plus neutre possible dans ce genre d’environnement hostile. C’est uniquement le fait d’avoir révélé que je croyais en Dieu qui a réveillé le démon de ces gauchistes dogmatiques. Je ne pouvais être qu’un vilain droitard croyant. Ils m’ont interrogé comme durant la Sainte Inquisition pour me psychologiser : comment ose-t-on encore croire en Dieu au 21e siècle ? C’est trop rétrograde ! Sacrilège, j’ai osé dire que j’étais psychologiquement un « dominé ». La domination sociale n’existe pas, du moins pour eux… dit par des bobos, moi qui suis chômeur au RSA… Une indécence totale ! Ces bobos du 11e m’ont rendu paradoxalement sympathiques les bourgeois de droite que je m’étais promis de fréquenter quand je reviendrais à Paris pour travailler. De retour à la Réunion, j’ai progressivement changé ma garde-robe et j’ai vite pris conscience de quelque chose à quoi je n’avais jamais vraiment prêté attention : le regard des gens et leur comportement envers moi variaient en fonction de mon apparence vestimentaire. C’est évident. J’ai même été choqué de constater que ce genre de réflexe existait à La Réunion, moi qui m’en moque totalement du code vestimentaire, car cela me semble peu pertinent dans la vie.
Je suis revenu à Paris en mars 2019, cette fois-ci pour y travailler, soit 8 mois après ma première visite. Le dernier acte symbolique que j’ai accompli lorsque j’ai quitté La Réunion a été de me recueillir devant la stèle commémorative à Saint-Denis en l’honneur de Michel Debré : ‘Créole un jour, créole toujours !’. Le premier acte symbolique que j’ai posé en arrivant à Paris a été de me recueillir sur les tombes de Raymond Barre et Jacques Vergès au cimetière de Montparnasse. C’était une manière pour moi d’invoquer mon destin d’une certaine manière, mais surtout un moyen symbolique de me libérer de tout ce passé postcolonial qui m’habitait à La Réunion, afin d’être pleinement épanoui et libre dans ma nouvelle identité de Francilien avec ce nouveau départ en tant qu’émigré grâce à l’organisme Ladom, anciennement ART et autrefois Bumidom. Ma deuxième action à Paris a été de réaliser une entrevue vidéo avec mon youtubeur préféré de l’époque afin de le rencontrer, mais sur un sujet que j’assume peu : mon ambivalence en tant qu’asexuel ou plutôt apulsionnel. J’assume encore moins publiquement cette entrevue vidéo en elle-même, mais finalement cela reste une preuve vivante de mon évolution, notamment avec la disparition progressive des derniers vestiges de mon accent créole. C’est surtout un témoignage de l’ancien Julien de La Réunion, car j’y parle de ma vie chaotique passée, du Julien castré par le matriarcat créole incarné par la pratique religieuse ultra-féminine. Mon expérience en Hexagone m’a radicalement changé et émancipé de mes démons intérieurs. Ma troisième action a été de fréquenter toutes les chapelles souverainistes et de droite de Paris. Enfin, j’ai voulu fréquenter des petits bourgeois de droite du 17e arrondissement afin de les comparer aux bobos de gauche. La différence ? Aucune. Ils psychologisent tous deux celui qui remet en question l’ordre établi au lieu de répondre factuellement sur le fond. Trouver des failles psychologiques personnelles est bien plus facile que de se remettre en question. Le problème social et économique est clos par un psychologisme bourgeois à deux sous. Les gauchistes comme les droitards sont aussi limités et caricaturaux que les ‘cassos’ d’en bas. Je n’ai aucun mépris lorsque j’emploie le terme ‘cassos’, car j’en fus un moi-même.
Bumidom et émancipation personnelle :
C’est après mes 4 mois d’hébergement pendant ma formation de reconversion professionnelle à l’AFPA (Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes) en banlieue, en étroite collaboration avec LADOM, notamment aux côtés de divers voisins étrangers, que j’ai dû informer le service de LADOM de mon désir de rester en Hexagone ou de retourner dans mon département d’origine. Le bureau de LADOM se trouvant au ministère des Outre-Mer, où je devais clarifier ma situation de résident français ultramarin en Hexagone à la suite de la fin de mon contrat de formation. C’est toute cette ambiguïté que j’assume et qui m’empêche de nourrir du ressentiment à travers une vision binaire simpliste. J’ai toujours eu un profond désir d’émancipation personnelle face à toute forme d’aliénation découlant d’un formatage, quel que soit le dogme en question. Je suis fier d’avoir reçu une éducation religieuse stricte, même si aujourd’hui je ne suis plus du tout pratiquant. En privé, je me considère spirituellement chrétien et dans la vie publique, plutôt laïque, afin de mieux comprendre les différents groupes sociaux, ethniques, religieux et sexuels. Seul l’esprit critique m’a aidé à tendre vers l’universalisme républicain. Rompre avec mon déterminisme de classe est une obsession qui m’anime et que j’ai tenté de résoudre sur le plan théorique et spirituel en lisant des livres sur le développement personnel. Mais sur le plan pratique, c’est principalement grâce à Michel Debré et LADOM que j’ai pu avancer. Depuis lors, je continue de me déplacer dans un flou social, ethnique et sexuel : je ne suis plus un sous-prolétaire ultramarin, mais un esclave du salariat francilien, tout en demeurant dans une zone grise ethnique (ni blanc ni noir) et sexuelle. Je suis simplement un observateur non-binaire, tant sur le plan racial, politique que sexuel. Si l’on a compris que je suis triplement ambigu sans me conformer à aucune de ces cases, alors on m’a totalement compris. Inclassable, je ne peux qu’être incompris par des archétypes sociaux tels que les gauchistes et les droitards.
« A la suite de mon voyage à la Réunion [en juillet 1959 aux côtés du général de Gaulle], je m’attache à régler sans tarder un problème particulier à cette France de l’océan Indien : la dégénérescence de la race y est devenue un thème pour littérateurs et administrateurs. On parle avec pitié des ‘petits blancs des hauts’, malingres, chétifs, perdus. L’état physiologique d’un prolétariat basané ou noir, le long de la côte, n’est guère plus brillant. De toutes parts, il m’est affirmé que la principale cause de cette misère est l’endogamie : les alliances répétées entre proches sont accusées de provoquer un affaiblissement tant physique qu’intellectuel »
Debré Michel, Trois Républiques pour une France. Gouverner. 1958-1962, Paris, Albin Michel, p. 354.
Dépasser le ressentiment postcolonial :
Il s’appelle Karl Appela et il est mon chanteur préféré, car il a toujours su trouver les bons mots pour exprimer les maux de la vie. Il est plus connu sous le nom de Blacko de Sniper, mais il a porté de nombreux surnoms tout au long de sa carrière : Afrikaf, Tikaf, Lakour, Solitary Lion, Black Rénégat, Lion Bird, piment Zoizo, MC Reggaeman… Sa mère est française et son père est originaire de La Réunion, mais il a grandi sans « re-père » et n’a cessé de chanter sur son sentiment d’être « déraciné » tout en critiquant vivement sa « douce France ». Sa quête identitaire perpétuelle transparaît dans son parcours musical et se reflète dans l’évolution de ses nombreux surnoms. Cette névrose identitaire et dissonance cognitive ne se limite malheureusement pas à lui seul, mais concerne des centaines de milliers, voire des millions de Français. Qu’ils viennent des départements d’outre-mer ou d’autres pays de l’ancien empire colonial devenus indépendants, le phénomène est le même. En ce qui concerne strictement les départements d’outre-mer, on peut mentionner que la plus grande erreur du député de La Réunion, Michel Debré, n’a pas été seulement d’avoir arraché plus de 2 010 enfants à leurs îles entre 1962 et 1984 pour les placer dans des familles d’accueil de divers départements ruraux français, une affaire communément appelée « les enfants de la creuse ». Mais ces enfants ne sont qu’une composante d’une politique d’émigration de centaines de milliers d’ultramarins vers l’Hexagone, ce qui a accéléré le vieillissement de la population antillaise. Même l’ancien député socialiste réunionnais Wilfrid Bertil ainsi que les historiens Prospère Eve et Gilles Gauvin se sont exprimés pour recadrer les faits et mettre fin aux critiques faciles envers Debré après sa mort, ou du moins éviter le réductio ad debréum. Après l’avocat du Diable (Jacques Vergès) et le Diable de la République (Jean-Marie Le Pen), je vous présente le Diable du BUMIDOM qu’a été Michel Debré (un deuxième diable réunionnais).
Aimé Césaire fut le premier à parler du « génocide par substitution » en Outre-Mer. Le « grand remplacement » ultramarin n’est pas tant un fantasme que cela, et le référendum en Nouvelle-Calédonie évoque de manière souterraine cette question sans que les médias nationaux puissent réellement comprendre la question « postcoloniale ». La vraie question est la suivante : peut-on rester un territoire français ultramarin tout en favorisant l’emploi local au détriment des hexagonaux qui viennent profiter du soleil et entrer en concurrence sur le marché de l’emploi avec une population déjà économiquement marginalisée ? La politique est une question de compromis, donc je pense que la réponse est oui. L’approche binaire du référendum calédonien me semble totalement à côté de la plaque, c’est bien la cécité de la vision jacobine des choses qui empêche de comprendre le problème postcolonial. La France a tout intérêt à préserver l’héritage gaullien ultramarin. Les frontières intra-nationales existent, la crise du covid19 n’a fait que démontrer qu’elles existent à travers les vols intra-nationaux et les quarantaines. Mais ma convocation obligatoire au bureau de LADOM est un autre indicateur. Alors cessons de faire l’autruche, acceptons frontalement cette ambiguïté afin d’aller de l’avant et de trouver des solutions. Affronter pacifiquement notre ambiguïté postcoloniale est nécessaire pour sortir de ces débats inutiles ! Le problème, c’est que le clivage entre les locaux et les hexagonaux n’a jamais été aussi fort dans les territoires ultramarins. Étant donné que l’héritage débréïste est un jacobinisme ultramarin issu du 2ème empire colonial sous la République, il n’a jamais été remis en question pour évoluer et s’adapter aux enjeux français du 21ème siècle.
L’expression de plus en plus familière de « La Réunion mon tit péï » démontre un glissement sémantique dans l’inconscient des Réunionnais concernant l’autonomisme, voire l’indépendantisme, qui ont toujours été deux courants assez marginaux de la vie politique réunionnaise. Le PCR d’antan était originellement autonomiste, mais a mis ce sujet sous le tapis depuis les années 1980. Ces deux concepts différents restent pourtant flous chez la masse, qui demeure en dissonance cognitive. À La Réunion, il y a Monsieur « grand Remplacement zoreil », conférencier multi-doctorant, qui s’appelle Philippe Cadet. Il prêche le ressentiment anti-zoreil primaire, tout en exposant avec brio les principaux chiffres de l’INSEE sur ce sujet dissimulé par le pouvoir central. Derrière son discours populiste, lorsque l’on lui demande clairement en privé comment s’affranchir du jacobinisme français, il évoque se retirer de la tutelle de la France, tout en restant dans l’UE pour conserver les fonds européens… En somme, de la pure démagogie ! Au cours de la dernière décennie, nous avons vu divers incidents accentuer ce clivage, qui masque une lutte de classe intra-nationale, souvent très médiatisée. L’un des porte-paroles de la Réunion Insoumise, Perceval Gaillard, en a été victime sur les réseaux sociaux, où il a été virtuellement lynché en tant que candidat aux législatives partielles de 2018 de la LFI, ayant pour simple défaut… de ne pas être Réunionnais ! Le fait que toute la gauche identitaire créole prétendument antiraciste se soit défoulée virtuellement sur ce choix de candidature en tant que non-créole est plus que révélateur. Au lieu de résoudre politiquement un problème au niveau national en amont, il est plus facile de s’en prendre lâchement sur les réseaux sociaux et de dire ce que l’on serait incapable de dire en face ! C’est un signe de l’impuissance et de la lâcheté humaine à l’état pur ! La connerie n’a pas de couleur de peau. Le problème stratégique de la LFI a été le même que celui auquel la fédération du FN, devenue RN, a dû faire face depuis dix ans. Toutes les décisions sont prises depuis Paris, ce qui explique les difficultés rencontrées par ces partis pour s’implanter localement. L’élection de Jean-Hugues Ratenon en tant que député réunionnais affilié à la LFI est une élection trompe-l’œil car il était soutenu par la LFI tout en provenant d’une liste unitaire de gauche en tant que militant associatif de terrain médiatiquement connu. Tous les autres candidats de la LFI, que ce soit lors des législatives de 2012 (avec le Parti de Gauche) ou ceux de 2017, étaient exclusivement des candidats hexagonaux. Ce décalage culturel venant de Paris est trop visible pour la population réunionnaise. L’époque de l’homme providentiel venant de Paris, tel que MichelDebré, est révolue car ce dernier a contribué à faire émerger des leaders de la droite locale, à créoliser l’offre politique en l’espace de 30 ans. C’est grâce à cette stratégie d’implantation que le RN 974 a plutôt réussi en l’espace de 10 ans à créoliser tous les responsables de la fédération… mais il reste confronté à la difficulté de se faire élire. Les élections nationales telles que les présidentielles ou les européennes sont des plébiscites pour Marine Le Pen, mais les élections locales se soldent plutôt par des échecs. Passer de près de 40% au second tour des présidentielles de 2017 (23% au premier tour) à 31% aux européennes de 2019, puis à 1,74% est un cuisant échec d’implantation !
La Réunion Kwir (queer en créole), une petite déstabilisation colorée #lgbt ?
Les décoloniaux de la classe moyenne réunionnaise, qui se sont fait intoxiquer dans les universités de l’Hexagone, sont de retour à La Réunion pour jouer un mauvais tour !
La préfecture de La Réunion a autorisé la manifestation de la première marche des visibilités de l’histoire de La Réunion, de l’océan Indien et de l’Outre-Mer français, pendant le même week-end où une centaine de Réunionnais ont été verbalisés lors d’une fête d’anniversaire près de la mer. En effet, plusieurs verbalisations ont eu lieu lors de diverses manifestations très négativement médiatisées, que ce soit notamment le traditionnel défilé du 31 décembre dans la commune du Port, ou la manifestation anti-couvre-feu de St Leu. Le principal organisateur de la marche LGBT a donc reçu une surmédiatisation toujours complaisante de divers médias locaux, avant, pendant et après l’événement, dans un contexte tendu face à toutes ces interdictions, contrairement aux deux manifestations précédemment citées. Le choix de la préfecture de permettre le déroulement de cette marche sociétale, que la société réunionnaise n’était pas prête à voir en plein couvre-feu et interdiction généralisée, a surpris beaucoup de personnes. Mais la surmédiatisation de cette cause sociétale depuis quelques mois a fait taire toute critique potentielle de peur de s’exprimer de manière opposée, ce qui serait caricaturé comme rétrograde et réactionnaire ! Il n’y a rien d’homophobe à se poser calmement la question en tant que citoyen réunionnais en pleine restriction sanitaire : pourquoi les médias locaux ont-ils amplifié cette cause sociétale et pourquoi la préfecture a-t-elle été aussi clémente en autorisant cette marche de plusieurs milliers de participants, alors qu’en parallèle, ces mêmes médias et cette même préfecture ont été si sévères envers d’autres manifestations tout aussi pacifiques ? De plus, il est important de rappeler que cette marche LGBT a lieu dans la même semaine, quelques jours après le vote inique à l’Assemblée nationale en faveur du passe sanitaire pour les rassemblements de plus de 1000 personnes. Sur les divers réseaux sociaux, les trois co-organisateurs, qui sont également des influenceurs LGBT, de cette marche historique ont promu chacun leur test négatif anti-COVID avec un QR Code… Il s’agit donc du premier passe sanitaire vu à La Réunion, 100% cool, jeune et gay-friendly… Il semblerait que la préfecture réunionnaise et les médias régionaux aient choisi leurs idiots utiles pour diffuser la propagande gouvernementale auprès de la jeunesse, sans que ces derniers n’aient pu comprendre leur instrumentalisation en raison de leur naïveté, obsédés par leur cause communautariste
Colonisation culturelle :
Brandon Garcera, l’icône LGBT non-binaire 974, invité.e comme une reine sur tous les plateaux télévisés depuis des semaines, a tenu ce discours le dimanche 17 mai 2021 devant la préfecture de La Réunion :
« Depuis St-Denis, près de la statue coloniale Mahé de la Bourdonnais, nous vivons dans un monde où nous célébrons nos bourreaux, celles et ceux qui ont esclavagisé nos ancêtres, violé nos sœurs, nos frères et nos adelphes. Comment peut-on penser qu’il n’y a pas de reste de colonisation aujourd’hui en 2021 ? »
Il y a trois éléments totalement surprenants dans ce qui semble être une réécriture idéologique de l’Histoire réunionnaise :
– Depuis quand, dans l’histoire de l’esclavage dans le monde entier, des esclaves se sont-ils définis comme des adelphes non-binaires en référence à un combat sociétal post-moderne ? C’est un anachronisme.
– La colonisation ne s’est pas basée unilatéralement sur l’esclavage et le viol. C’est une vision étriquée et caricaturale de l’histoire.
– Parler de la colonisation en 2021 à La Réunion en important le double combat LGBT et BLM d’origine états-unienne est un foutage de gueule intégral.
L’oligarchie financière est fière de l’aliénation mentale de la génération Z nourrie par McDonald’s, Netflix et Brut. Bravo à la jeunesse dorée, dépolitisée et occidentalisée 974, vous êtes de parfaits petits esclaves du capital en marche avec l’obscurantisme sociétal, en pleine régression sociale aggravée par la crise sanitaire. Avec leurs tests PCR et leur QR code, ils sont prêts à lutter contre des discriminations très orientées, tout en oubliant qu’interdire à une personne de se déplacer librement à une manifestation de plus de 1 000 personnes à cause de l’absence d’un pass sanitaire est également une grave discrimination. Ils ont été tellement manipulés par le système politico-médiatique réunionnais qu’ils ne se sont pas rendu compte qu’ils étaient de simples pions…
Je dirais donc : vive le progrès sociétal ! Je suis bien heureux de savoir que le lobby gay 974, rempli de jeunes pauvres créoles pubères homosexuels, puisse trouver leur émancipation loin de leurs familles rétrogrades, auprès de la chaleur de vieux sugar daddy zoreils dans les villas de l’Ouest de l’île. C’est ça, le progrès ! Donner son cul à des vieux riches pour qu’ils les sodomisent en échange de les sortir de leur misère économique. Tout le monde est gagnant, vive le nouveau marché sexuel ! L’amour se trouve sous le soleil des plages de l’Ouest à travers ces magnifiques échanges interculturels, c’est épanouissant d’aligner ses chakras dans des gang bang interraciaux intergénérationnels. Je comprends donc que le lobby gay 974 milite pour cette énorme avancée. Les familles réunionnaises seront heureuses de l’apprendre.
Cette jeunesse woke qui veut défendre les jeunes de cité contre le privilège blanc des « zoreils », tout en critiquant les premiers d’être trop rétrogrades sur ces questions sociétales et en s’envoyant en l’air avec les seconds car plus ouverts d’esprit. On n’y comprend plus très bien, mais bon… Critiquer des enracinés en tant que jeunesse dorée nomade mondialiste de ne pas être assez ouverts d’esprit avec une grille de lecture importée des universités américaines, ne serait-ce pas du néo-colonialisme ?! Merci Laurence Vergès de donner de l’importance à une jeunesse réunionnaise globalisée, colonisée mentalement par les USA, tout en se déclarant décoloniale. Elle avait déjà donné sa bénédiction pour que des « militants » dégradent la statue du colon François de Mahy devant la mairie de St-Pierre. Son père, Paul Vergès, descendant de colons, serait tellement fier d’elle aujourd’hui qu’il la renierait là où il est. Paix à son âme ! L’ancien assistant parlementaire de ce dernier au Parlement européen, aujourd’hui eurodéputé insoumis et militant LGBT à ses heures perdues, Younous Omarjee, dînait encore il y a peu avec Françoise Verges et le « journaliste » Taha Bouhafs… Nous avons des dirigeants à l’image de notre époque médiocre. Le communisme de papi Vergès me manque ! Le nouvel esclavage mental est la nouvelle émancipation sociétale, bienvenue en covidie-1984 !
L’horizon indépassable populiste 974!
La Réunion est le seul département français où la crise des gilets jaunes a dégénéré avec l’intervention de l’armée pour réprimer cette révolte populiste. Alors, nous pouvons nous poser cette question : est-ce que cette petite révolution colorée promue par tous les médias ne serait pas la suite logique pour tenter de briser la révolte populiste anti-confinement qui a émergé à plusieurs reprises à La Réunion ? Selon un sondage de la FAGIS publié début juin dernier, 58 % des Réunionnais ne font pas confiance aux vaccins contre le Covid. Ce pourcentage monte à 74 % chez les 18-29 ans et 72 % chez les 30-39 ans, soit les deux catégories les plus présentes sur les réseaux sociaux, qui ne cessent de critiquer tous les posts appelant à la vaccination de la population. Le clivage générationnel se situe entre les plus âgés, qui ont davantage confiance dans le discours du système politico-médiatique, et les plus jeunes, qui sont plus réticents ! Sachant que La Réunion est le 3ème département français le plus jeune après Mayotte et la Seine-Saint-Denis, cela est assez révélateur de ce clivage. La raison est simple : seule une minorité des Réunionnais a le luxe de pouvoir se permettre de partir en vacances en dehors de l’île, les Réunionnais voyagent peu. Donc, seules les personnes âgées sensibles aux recommandations sanitaires et la classe moyenne minoritaire, qui souhaite voyager, vont se faire vacciner. Le reste des Réunionnais, issus des milieux populaires et les jeunes, soit une large majorité, se moquent de cette recommandation. Pourtant, cette énorme réticence est totalement niée par le pouvoir central, comme si le problème était inexistant. Le sujet a été évacué lors des élections régionales.
Lors de ces dernières élections régionales, l’abstention a mieux résisté à La Réunion qu’au niveau national, tout simplement parce que le clientélisme électoral est beaucoup plus puissant avec ces 5 candidats-maires. Monsieur Grand Remplacement, Philippe Cadet, tout comme le candidat du Rassemblement National, ont tous les deux été les grands perdants de l’abstention, malgré leurs positionnements populistes. Ils ont tous les deux également eu du mal à susciter l’enthousiasme parmi la jeunesse réunionnaise, qui s’est réfugiée dans l’abstention. Pourtant, Philippe Cadet avait inclus sur sa liste un influenceur et youtubeur populaire des réseaux sociaux, Maloyab. Mais la notoriété virtuelle sur une liste marginale ne se traduit pas forcément dans les urnes. Résultat : pétage de plombs sur les réseaux sociaux où, tel un enfant gâté, il est incapable de reconnaître la réalité du terrain et reste dans ses fantasmes. L’abstention persiste chez ceux qui n’auront rien à gagner, et ils sont majoritaires. Ici, seule une ligne populiste de rupture peut entraîner la majorité face au statu quo qui achètela paix civile, de peur de voir resurgir l’explosion sociale générale de la crise des gilets jaunes. C’est peut-être pour cela qu’Huguette Bello, 70 ans, a intelligemment recruté et placé en deuxième position sur sa liste le militant culturel de 35 ans du Chaudron, Frédéric Maillot. Co-fondateur du parti « Croire et oser », il a abandonné son chef charismatique, ainsi que d’autres, pour un plat de lentilles après avoir infructueusement participé à diverses campagnes électorales depuis près d’une décennie. Il a été absorbé par la gauche institutionnelle et est aujourd’hui vice-président du Conseil Régional de La Réunion.
« La Réunion c’est in’ ti paradis,
Po rentrer, y faut passe par Saint-Pierre.
La Réunion c’est in’ ti paradis,
Et Saint-Pierre la laisse la porte ouvert. »
André Phillipe et Jules Joron, reprise par Ousanousava.
Ce n’est pas étonnant que le Cheikh El Hasnaoui soit venu y mourir. J’ai déjà emmené un ami kabyle se recueillir sur sa tombe dans le cimetière musulman de Saint-Pierre. Cela étant dit, est-ce qu’un département français d’outre-mer comme La Réunion peut devenir un laboratoire social pour le reste de la nation ? Peut-on l’utiliser comme un bon exemple de laboratoire social en faveur du populisme ? Si on regarde de plus près la 4e circonscription de La Réunion, on peut remarquer la versatilité du vote réunionnais qui reste globalement… gaulliste et communiste. Entre 1986 et aujourd’hui, cette circonscription a été communiste pendant 12 ans, socialiste pendant 15 ans et de droite pendant 8 ans. Le maire et leader de la droite de Saint-Pierre depuis 2001 sait que sa commune reste historiquement une commune communiste, un électorat qu’il a su rallier à sa cause. Ce n’est donc pas étonnant que les saint-pierrois aient pu placer Huguette Bello en tête devant le président sortant de divers droite soutenu par Monsieur le Maire dans cette commune de droite. L’implantation (en partie infructueuse) de Thierry Mariani (ex-UMP) en PACA s’est faite via son mouvement d’exfiltration mariniste « La Droite Populaire ». Marine Le Pen devrait faire de même à La Réunion avec un mouvement qui s’intitulerait « La Gauche Populaire ». C’est provocateur, pourtant le réel est là : le report des voix des électeurs de Mélenchon, arrivé en tête au premier tour des présidentielles de 2017 (24 %), s’est plutôt bien effectué au second tour sur sa candidature. C’est certainement le seul département français où cela s’est produit. Un proche de Macron a récemment résumé dans l’Express l’échec de l’implantation mariniste à La Réunion : « il existe un nouveau clivage dans notre paysage politique : celui qui sépare les partis locaux et les partis nationaux ».
« Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. »
Evangile de Matthieu chapitre 16 verset 19.
Ultramarin à contre flot
Contrairement aux apparences, Huguette Bello n’a pas été investie par l’ancien puissant Parti Communiste Réunionnais avec lequel elle s’est séparée depuis 2012 en tant que dissidente. Le PCR a reculé électoralement dès les municipales de 2014. Historiquement, il était très puissant et se permettait le luxe de faire cavalier seul, sans le soutien d’un PS localement marginal. L’élection de Bello à la tête de la Région avec l’union des diverses listes de gauche confirme la disparition du vieux bipartisme communisme/gaullisme. Vergès comme Debré sont morts, il ne reste qu’un champ de ruines. La Réunion continue sa lente décomposition en social-démocratie. Cette première union des gauches victorieuse démontre que la Réunion vit avec 30 ans de retard, la social-démocratie mitterrandienne où c’est le sociétal du PS qui prime sur la question sociale du PCF en déclin… Je peux faire une analogie entre le fait que la Réunion vit sa première marche LGBT exubérante, qui est à la fois une synthèse au niveau national des débuts timides des années 70 qui se séparent lentement des syndicats, et l’exubérance sous Mitterrand dans les années 80. Être ultramarin en région parisienne en 2021, c’est être en décalage spatio-temporel avec le délitement psychologique de la société française, tandis qu’à la Réunion, le processus de rattrapage économique et sociétal s’est accéléré depuis sa départementalisation il y a 75 ans. Sachant que c’est sous Mitterrand qu’on a vu émerger un Jean-Marie Le Pen, est-ce que 2022 ne serait pas l’année de l’émergence d’un Jean-Marine Le Pen réunionnais ? On peut se demander si les émeutes du Chaudron de 1991, suite à la suppression d’une chaîne de télévision à tendance libertaire diffusant des films érotiques, face aux deux autres chaînes d’État où la liberté d’expression était cadenassée par l’héritage débréïste incontesté, n’étaient pas le mai 68 des réunionnais. Je suis un trentenaire réunionnais politisé voulant incarner l’espoir de cette jeunesse socialement bloquée sur ce département perdu de la République. Je suis hanté par la « chaudronisation » de l’intégralité des villes de la Réunion lors de la dernière crise des Gilets Jaunes, une explosion sociale qui peut reprendre n’importe quand, surtout actuellement en plein délire covidiste où la population est réticente. Ce n’est pas étonnant que la préfecture ait fait la promotion de la marche LGBT. Mes parents, ayant connu des bidonvilles durant leur enfance, ont dû fuir leur village pour habiter en ville à l’âge adulte, connaissant donc un exode rural similaire à celui des Français dans les années 50. Je suis donc né avec une éducation prolétaire moderne, équivalente à celle des années 60 et 70.
En tant que Réunionnais, nous avons un décalage mental de 30 ans avec l’Occident. Notre décalage avec les postmodernes de la génération Z francilienne, que j’ai côtoyés politiquement, est évident. Coincés entre le bas de l’échelle sociale où la masse se réfugie dans la réaction émotionnelle, dans l’instinct le plus total, et le haut de l’échelle sociale (Paris) où ses milieux élitistes se réfugient dans une rationalité froide, le métis social a tout pour être à la fois populaire et élitiste, réunissant tous les ingrédients pour comprendre le double fonctionnement de la société, pour sa propre ascension, tout en étant incompris par ces deux groupes antagonistes. Cela est d’autant plus vrai lorsque l’on est linguistiquement, politiquement et ethniquement non-binaire. Mon triple parcours de résident d’un quartier dit « sensible » au contact des Réunionnais aux conditions modestes, d’ancien étudiant en Sciences Humaines à l’Université de la Réunion et de candidat de Ladom ayant quitté l’île pour travailler en Île-de-France fait de moi un jeune militant conscient de ce que vit la jeunesse réunionnaise et, plus largement, la jeunesse ultramarine. Mon déménagement en Île-de-France m’a également permis, en parallèle de mon insertion professionnelle, de côtoyer des militants des diverses chapelles souverainistes ou dites de droite.
Avec mes diverses expériences et les observations que j’ai accumulées au cours de ces 30 dernières années, je pense aujourd’hui être suffisamment mature pour me former et me préparer à me mettre au service des Réunionnais. En tant que Français issu de l’outre-mer et donc de couleur, je n’ai certainement pas de sentiment négatif envers d’autres personnes de couleur semblables à moi. Mais il est indéniable que les Outre-Mers ont un besoin urgent de mesures protectionnistes, notamment face aux dégâts économiques causés par l’immigration massive dans des départements où la population ultramarine autochtone est déjà en grande difficulté. Les Outre-Mers ne peuvent plus accueillir toute la misère du monde. Ce n’est pas Laura Hidair-Louis, l’élue municipale de Cayenne qui s’est vivement disputée avec un demandeur d’asile marocain sur la question du manque de logements pour les Guyanais, qui me contredira. Encore moins les Mahorais qui vivent un chaos social, économique et sécuritaire avec des jeunes étrangers comoriens que l’on ne renvoie pas chez eux. Mayotte vit l’amorce d’une mini-guerre civile quasi-quotidiennement dans ses rues. Que devons-nous faire ? Prôner le vivre-ensemble et la créolisation à la manière de Mélenchon ? Déconstruire l’histoire de la France à la sauce macroniste ? Ou mener une croisade contre l’islam en chassant des compatriotes français musulmans ainsi que les étrangers, abandonner Mayotte sous prétexte qu’ils sont musulmans, comme le recommanderait le zélé Zemmour ? Une démarche électorale antiélitiste est la condition sine qua non pour mobiliser la masse des abstentionnistes issus de l’électorat populaire réunionnais, avec notre histoire spécifique gaullo-communiste. Pas étonnant qu’en 2017, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen étaient au coude-à-coude au premier tour des élections présidentielles.
Réconciliation populiste
Aller à la conquête du pouvoir, c’est sortir des chemins battus et pouvoir aller vers de nouveaux électeurs sur une ligne populiste pédagogique qui rassemble. Il faut pouvoir faire émerger des caméléons sociaux pour aider ce pays à sortir de sa cécité intellectuelle. Seules des sentinelles de cette sorte peuvent rallumer la flamme de la France éternelle et détruire l’obscurantisme des puissances d’argent. Le 21e siècle sera mystique ou ne le sera pas. Un potentiel succès électoral populiste en outre-mer, voire peut-être même en banlieue, est possible. Encore faut-il se donner les moyens de sortir de sa zone de confort idéologique après cette gifle électorale en préparant un discours cohérent et unificateur dans une société archipélagique. Anticiper des séismes électoraux et des mouvements populaires grâce à l’expertise de la cartographie sociale de manière artisanale est l’un de mes sujets favoris. La fragmentation sociale insulaire, je m’y connais en tant que géographe. Monsieur « Balladur Pied Noir » de CNEWS, au lieu de critiquer frontalement la bourgeoisie de droite d’avoir voulu et accepté le regroupement familial pour son propre bénéfice, préfère critiquer virulemment l’Islam… Il faudrait différencier l’islamisme de l’Islam et l’islam de l’immigration, tout est une question de causalité. Vouloir refaire une Saint-Barthélemy contre l’Islam en banlieue, sans vouloir en amont lutter contre les flux migratoires voulus par le CAC 40, est un comportement politique lâche. Zemmour a le droit d’être lâche et c’est même plutôt facile quand on est assis au chaud chez Bolloré, cela prouve son manque de virilité intellectuelle. Vouloir combattre le ressentiment afro-islamo-indigéniste-décolonial par du ressentiment droitard puéril relève de l’inconscience politique pure ! Pas étonnant qu’Éric Zemmour n’attire à lui que des petits bourgeois castrés, car qui se ressemble s’assemble ! Alors que Zemmour utilise sa judéité afin de populariser de manière caricaturale toutes les lubies de la droite bourgeoise d’origine pétainiste, j’aimerais au contraire contribuer à un début de déglaciation émotionnelle des Réunionnais et plus largement des Français, intellectuellement anesthésiés, grâce à ma modeste expertise nourrie de ma créolité complexe. Je suis à l’intersection de la crise multifactorielle occidentale, sociale, ethnique et sexuelle. Jacques Vergès a été et est l’angle mort de la France gaullienne, et aujourd’hui, à mon humble niveau, je suis l’un des angles morts de la France macroniste, en plein virage libéral-autoritaire avec la fin des libertés publiques. Les Créoles sont les angles morts du choc des civilisations que nous ne voulons pas, car nous sommes des pacificateurs.
Un penseur de la complexité a écrit sur ce sujet :
« Lorsque la société est très complexe, c’est-à-dire qu’elle est polyculturelle et qu’un individu vit plusieurs appartenances (familiale, clanique, ethnique, nationale, politique, philosophique, religieuse), alors tout conflit entre ces appartenances et croyances peut devenir source de débats, problèmes, crises internes, ce qui installe la dialogique au sein de l’esprit individuel lui-même.
Lorsque les idées contraires se combattent dans l’esprit d’un même individu, elles peuvent alors :
– soit s’entre-annuler et faire place au scepticisme, lui-même formant l’activité critique et moteur du débat d’idées.
– soit provoquer un « double mind », contradiction personnelle provoquant une crise spirituelle, laquelle stimule la réflexivité et suscite éventuellement une recherche de solution nouvelle.
– soit susciter une hybridation ou, mieux, une synthèse créative entre les idées contraires. »
Edgard Morin.
Pavé César
Je suis content de voir un site « anti-woke » réunionnais, avec des réflexions solides et argumentées. Je crois qu’on a déjà interagi ensemble sur les réseaux sociaux, je vais vérifier. Je suivrai ce site avec plaisir.
Euh c’est bien nul ce petit texte qui, j’imagine, a demandé un certain temps d’écriture pour du rien, aucun fait, des vérités proposé sur la base de données erronées (vraisemblablement volontairement).
Les faits :
17 mai – Marche des visibilités.
21 juillet – date de passage du texte sur le pass sanitaire à l’Assemblée.
Ce n’est heureusement pas avec ce type d’articles, de type sociologie de bac à sable comparable à celle d’éditorialiste parisien anti-parisianisme », que les Réunionnais seront mieux informés…
Un jeune politicien en devenir se serait-il formé en métropole et photographié (façon selfie influenceur) auprès de personnalités plus ou moins clivantes pour apporter un point de vue bien de « chez nous » à La Réunion ?
La loi initial concernant le pass sanitaire date du 11 mai à l’assemblée national:
https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/covid-19-l-assemblee-nationale-a-finalement-vote-dans-la-nuit-la-sortie-de-l-etat-d-urgence-et-la-creation-d-un-pass-sanitaire_4620801.html ;
Celui du 21 juillet ne concerne que les modalités de son application de loi préalablement déjà voté sans les français se soient rendu compte. Cordialement.