Macron a raison, nous sommes en guerre, mais cette guerre est psychologique sans balle réelle. Son allocution du 12 juillet délimite la France occupée (les grandes villes) de la France libre (la France périphérique qui résiste), d’où mon choix personnel de tout plaquer pour fuir la région parisienne anxiogène et endoctrinée pour mieux respirer avec mes créoles réfractaires. La réticence des Réunionnais démontre une fracture générationnelle et sociale.
30% des Réunionnais auraient reçu une double injection du vaccin libérateur. 70% des personnes âgées de plus de 70 ans et 65% des personnes âgées de 50 à 70 ans auraient reçu la première dose du vaccin. En revanche, ce chiffre tombe à 34% chez les 18-24 ans et à 15% chez les 12-17 ans. Ces chiffres doivent être mis en parallèle avec le sondage SAGIS de mai dernier, où l’on apprend que 58% des Réunionnais n’ont pas confiance dans le vaccin, un taux qui monte jusqu’à 74% chez les 18-29 ans et 72% chez les 30-39 ans.
Qu’en conclure ? Nos personnes âgées ont psychologiquement capitulé face à la propagande de la peur relayée par l’autorité morale que sont nos médias locaux, nos religieux boomers et la sainte alliance médecin/pharmacien. La sagesse de nos gramouns n’est plus une réalité… Notre petite classe moyenne locale capitule également, mais c’est en raison de son confort personnel pour pouvoir voyager et continuer de festoyer dans les divers restaurants. Plus on est jeune et que l’on vit dans une situation précaire, plus on est réfractaire au vaccin.
Certes, le refus du pass sanitaire dépasse le clivage entre ceux qui ont reçu au moins une dose du vaccin et ceux qui ne l’ont pas reçu. La majorité silencieuse réunionnaise, opposée au pass sanitaire et méprisée par les médias, rejette majoritairement la vaccination sous contrainte. Cependant, la classe politique réunionnaise se retrouve dans une situation délicate, se disant contre le pass sanitaire mais en faveur d’une couverture vaccinale pour l’ensemble de la population. Il existe ici une importante fracture populiste. Seule une réponse politique pacifique, de haut niveau, peut aider à sortir de cette impasse politique. Cependant, le dialogue de sourds avec la classe politique, en dissonance cognitive sur cette question, va pousser à la radicalisation des créoles réfractaires manifestants qui n’en peuvent plus de la mainmise de la gauche libertaire métropolitaine sur des manifestations trop bon enfant. Sans sortie de crise par le haut, cela risque d’exploser dans nos cités, par le bas !
Les classes populaires et la jeunesse ne sont pas plus moralement irréprochables que la classe moyenne embrigadée et les gramouns apeurés, car nous sommes tous soumis à la société de consommation, encore plus visible avec cette rentrée scolaire. Nous devons changer de modèle de consommation. Les anciens clivages politiques gauche/droite s’effondrent aujourd’hui devant cette doxa sanitairement correcte. Il faut y répondre par une nouvelle coagulation populiste et trouver une nouvelle offre politique plus optimale que notre classe politique actuelle, à côté de la plaque et médiocre…