L’angélisme des Miss, ou l’influence néfaste de la gauche identitaire 974

Miss Bello en compagnie de sa première dauphine Miss Bareigts et son premier dauphin Mister Lebreton!

La belle Dana Virin a été élue Miss Réunion 2021 le samedi 28 août dernier. Vous savez, ce fameux show annuel suivi par des centaines de milliers de Réunionnais. À défaut de pouvoir voyager à l’étranger à cause de la crise sanitaire mondiale, quoi de mieux que de visiter un temple tamoul et un temple chinois made in 974 ? Être Miss Réunion, c’est plus qu’être une simple ambassadrice de beauté, c’est également être une ambassadrice du vivre-ensemble. La Sainte-Suzannoise, comme toutes les prétendantes de Miss Réunion chaque année, l’a bien intégré. Comme le démontre une séquence filmée individuellement dans une sorte de confessionnal, ou plutôt une chambre d’hôtel, digne d’une téléréalité lambda, elle récite très bien son catéchisme issu de la doxa dominante : « Ça fonde, en fait, notre identité en tant que Réunionnais et ça contribue également au vivre-ensemble que l’on chérit tant »

Mais les lumières des projecteurs sur une Miss fraîchement élue peuvent faire oublier la déception des autres. Ce ne fut pas le cas samedi dernier dans la tribu de Dana au Téat Champ Fleuri, car la très belle candidate numéro 1 n’a pas pu masquer son amertume de retourner chez elle sans aucune écharpe.

La star des réseaux sociaux de toute la journée de dimanche, c’était autant Laura que Dana. L’ombre de la seconde n’existerait pas sans la lumière de la première. En effet, les Réunionnais, n’étant pas avares de potins, ont su déverser avec peu de délicatesse toutes leurs moqueries en ligne. On ne peut pas oublier notre très cher Loïc Calimoutou qui s’est lui aussi fait connaître malgré lui, le 27 juin dernier, suite à la défaite de son candidat lors d’une élection cantonale, avec sa formule devenue culte : « on a peut-être perdu la victoire, mais on n’a pas perdu la défaite ! ». Cela peut quelque peu résumer l’état d’esprit pas très fair-play de la malheureuse candidate numéro 1 de Miss Réunion.

Au moins, ces deux-là ont maintenant un nouveau point en commun. Ils sont bien partis pour se retrouver dans le top 3 du bad buzz 974 de l’année. L’année n’étant pas terminée, on recherche toujours la troisième personne du palmarès. Les réseaux sociaux sont devenus la nouvelle caisse de résonance de l’expression populaire réunionnaise, loin de toute règle de bienséance en société, et cela pour le meilleur et pour le pire. C’est même devenu le moyen de communication utilisé comme un simple exutoire et déferlement de tous les non-dits dans le discours lisse des médias traditionnels. Le fait de prendre collectivement un bouc émissaire pour s’en moquer est inconsciemment un aveu d’impuissance.

Un autre détail qui n’est pas passé inaperçu par les téléspectateurs est la rage de Laura face au fait que, pour la seconde année consécutive, Miss Réunion s’est déroulée sans public. Mais l’exclusivité de cette année était que, pour la toute première fois, le pass sanitaire était exigé à tous les participants. Le protocole sanitaire imposé a fait qu’au-delà des paillettes, des diverses chorégraphies, des défilés en maillot de bain ou en robe de mariée, le sanitairement correct a aseptisé tout réel émerveillement du téléspectateur. Constatant une salle quasiment vide pour un spectacle flamboyant qui n’existe que pour tenter de faire oublier notre réalité médiocre, aggravée par la crise qui vient, le téléspectateur ressent cette sensation de malaise. Serait-ce déjà le début d’un bug dans la matrice ?

Nous ne vivons pas un « vivre-ensemble », mais un « vivre côte-à-côte » où chaque communauté ethnico-religieuse vit dans son monde. Nous sommes régulièrement en contact avec nos voisins car l’insularité et la forte densité de population du littoral favorisent cette proximité imposée. Seule la consommation nous rassemble dans cette société de consommation qui nous a domestiqués en tant qu’individus isolés, chacun dans sa bulle cognitive. Ce n’est certainement pas le dernier clip de gommance de PPL featuring Run Market qui va vous dire le contraire !

L’abrutissement généralisé, ou dit « titytainement », offre du pain et des jeux à la population dans le but de les distraire et d’endormir leur esprit critique, afin de les transformer en une masse de consommateurs compulsifs dépolitisés, malléables à merci par le marché.

Le grand spectacle du concours Miss Réunion, très suivi, est l’arbre qui cache la forêt de la société réunionnaise en pleine crise. La dure réalité du terrain social est que le pass sanitaire est devenu obligatoire au travail pour certains salariés depuis ce lundi 30 août, sous peine de très lourdes sanctions.

La crise sanitaire devient un prétexte pour appliquer la pire casse sociale de tous les temps, sans que le corps social réunionnais puisse être capable de réagir. La société réunionnaise est complètement paralysée et ne sait plus comment y répondre autrement que par le déni. Comme si nous étions tous conscients du cauchemar collectif que nous vivons, mais que par réflexe post-traumatique, nous évitions d’affronter la douleur en fuyant en avant. L’abondance d’informations contradictoires depuis plus de 18 mois favorise la paralysie et la léthargie de chacun, qui reste coincé en confinement en mode cocooning, où l’individu est régi par la nouvelle sainte trinité du « coconfinement » : Netflix, Uber Eats, porno !

La crise est devant nous, et les unes des deux principaux journaux de la semaine dernière nous l’ont bien fait comprendre.

-Celui du Journal de l’Île de la Réunion du Mercredi 25 août : « Crise économique ; les mesures de restrictions sanitaires ont entraîné une énorme chute de la valeur de nombreux fonds de commerce de l’île. De quoi attirer la convoitise d’investisseurs de la zone en quête de bonnes affaires » ;

-Celui du Quotidien de la Réunion et de l’Océan Indien du Samedi 28 août : « Crise mondiale et solutions locales ; Le coût du fret explose. Octroi de mer, compagnie maritime régionale, production locale font partie des pistes explorées par la Région et les acteurs économiques » ;

-Celui du Journal de l’Île de la Réunion du Mardi 31 août : « Entreprises : éviter une vague de faillites. Les conséquences de la crise sanitaire s’annoncent désastreuses pour l’économie réunionnaise. Les tribunaux de commerce redoutent que de nombreuses entreprises mettent la clé sous la porte. » ;

Le diplomate américain Henry Kissinger a toujours été clairvoyant sur la question : « Si vous contrôlez le pétrole, vous contrôlez le pays, mais si vous contrôlez les semences, vous contrôlez l’alimentation. Et celui qui contrôle l’alimentation tient la population en son pouvoir ».

Modifier notre mode de consommation locale est une opportunité urgente pour un changement de paradigme par la classe politique réunionnaise. Mais où est-elle ? On ne le sait pas. Qui parle de souveraineté alimentaire ? Personne. À part le corps du Parti Communiste Réunionnais en voie de décomposition avancée, qui n’a rien fait pendant ces longues décennies au pouvoir.

Aucun élu de la classe politique actuelle n’en parle, à l’exception d’Alexandre Laï-Kane-Cheong de Croire et Oser, qui est de plus en plus isolé d’ailleurs !

C’est une tribune salutaire au titre explicite : « Récupération et dépolitisation des dynamiques populaires à La Réunion », qui a été publiée dans quelques revues des lecteurs de journaux le vendredi 27 août.

Elle résume le fait que la gauche institutionnelle a récupéré certains militants culturels intéressants qui aujourd’hui sont plutôt inactifs concernant la manifestation contre ce foutu passe-droit de déplacement causant la mort sociale de milliers de personnes. Tout le monde est conscient que Croire et Oser est devenu une école de formation pour plusieurs militants… aspirés par « les forces du progrès ». C’est notamment le parcours de Stéphane Persée (adjoint délégué au sport sur la commune de St-Denis aux côtés d’Ericka Bareigts du PS), de Julie Aroumani (élue conseillère départementale sous l’étiquette du Parti Communiste Réunionnais à St-André) et de Frédéric Maillot (vice-président de région d’Huguette Bello, ex-PCR) qui peuvent en témoigner.

Je n’aurais rien à rajouter à cet article très bien synthétisé, si ce n’est sa conclusion :

« Les partis « nationalistes » du type du « projet réunionnais » ont trop longtemps suivi des calendriers imposés de l’extérieur : le clivage créole/zoreil, les affaires de « discrimination culturelle », le concept de « génocide par substitution » et les faux procès à des prétendus boucs émissaires ont trop longtemps détourné l’attention des quartiers et, plus largement, de la population. »

Le monsieur « Grand Remplacement 974 » Philippe Cadet utilise donc le terme de Renaud Camus, qu’il considère comme farfelu et obsolète pour parler de la France d’aujourd’hui, mais uniquement réel pour la Réunion et le reste des Outremers. Cette dissonance cognitive n’est en rien isolée parmi la gauche identitaire. Elle est également présente dans le parcours d’un intellectuel, Joseph Varondin (1933-2014), ancien socialiste dans les années 70, devenant ensuite un fervent défenseur autonomiste. Polémiste, sa plume ne laissait personne indifférent : « La supériorité physique et intellectuelle du métropolitain sur l’indigène est une réalité légitime qui ne nécessite pas d’être démontrée. Elle n’a besoin ni de preuve ni de paroles. C’est un postulat ». Ce qui ne l’empêchait pas d’être membre du Comité de vigilance contre le racisme et le fascisme constitué contre la venue à la Réunion de Jean-Marie Le Pen en mai 1984.

Pour en revenir brièvement à Philippe Cadet, il a effectivement donné une série de conférences partout dans l’île, mais aussi en Hexagone auprès de la diaspora, sur la thématique du « grand remplacement ». Ces conférences servaient de tribune pour un discours populiste critiquant vivement les élites complices. Il s’est lancé en politique lors des dernières élections régionales, mais a obtenu un score malheureux.

Le documentaire de Sébastien Clain intitulé « Kissa nou lé ? » (Qui sommes-nous ?) est sorti le 31 août 2019 et est très intéressant et révélateur de la confusion intellectuelle des militants de cette galaxie :

Essentiel pour comprendre la schizophrénie de les identitaires progressistes Réunionnais !

Ce documentaire d’entretiens de plus de 2 heures avec plusieurs intervenants, des artistes, des militants culturels, des associatifs et des universitaires (de la gauche culturelle, bien entendu !), aborde l’histoire de La Réunion, leur identité de créoles réunionnais, leurs inquiétudes et leurs espoirs pour l’avenir de l’île. Ils évoquent la reconnaissance de la langue régionale face à Paris, l’identité créole, la gentrification, et abordent tous ces sujets sérieux avec un discours strictement anticolonialiste… Mais sans jamais mentionner le mot « jacobin », ni son opposé « girondin », ni même évoquer le « mondialisme »…

Le géographe Christophe Guilluy qui explique les conséquences désastreuses du mondialisme en termes de dynamiques sociales dans différentes strates de la société sur un territoire donné.

Se focaliser sur l’ennemi colonial avec une seule grille de lecture, tout en vivant dans un département post-colonial avec un héritage colonial certain et une transition assimilationniste Debréïste contestable, sans mentionner le jacobinisme ni les ravages du mondialisme, est extrêmement réducteur. Le problème ultramarin de 2021 est triple et multifactoriel. La gauche identitaire antiraciste peut se permettre des propos polémiques contre les Hexagonaux par anticolonialisme, tout en étant antifasciste et en s’opposant aux propos polémiques similaires tenus par des identitaires de droite radicale. Cependant, sans une réponse politique souveraine concrète, le style populiste reste politiquement inutile et risque d’entraîner les masses dans la frustration et les injures faciles. »

Identité sans Souveraineté.

La France hexagonale est débordée par les débats identitaires en Hexagone par sa droite depuis qu’elle n’est plus de souveraineté depuis Maastricht. La Réunion a le problème inverse, car elle est débordée par les interminables débats identitaires par sa gauche locale. Et à la différence que la gauche identitaire réunionnaise n’est pas autant diabolisé que la droite identitaire au niveau national et qu’il y a une véritable proximité et une force d’attraction avec les élus de gauche.

Or être souverain sur son propre territoire n’est ni de gauche ni droite, c’est juste du pragmatisme et du bon sens politique. Ce faux clivage peut être facilement dépassé quand la finalité de l’action en politique est d’atteindre à nouveau une meilleure autonomie, sinon s’enfermer dans l’impuissance politique, c’est aller dans une fuite en avant dans le discours identitaire en débouchant sur rien d’autre que du bad buzz un peu comme la stratégie médiatique de Zemmour.

Tant qu’on n’aura pas de marche de manœuvre politique concret avec plus d’autonomie politique, on aura une explosion d’un ressentiment identitaire issu d’une insécurité culturelle envers X communauté ethnico-sociale.

Les simples propos prétendument « racistes » seront l’ultime exutoire d’un peuple et d’une classe politique impuissante à se prendre en main et incapable de mener des mesures protectionnistes contre les phénomènes de migrations externes de l’île venant s’y installer et la judiciarisation à outrance de chaque dispute qui n’est propre au commun des mortels réunionnais n’arrange pas les choses. Débattre des tensions identitaires entre personnes de couleurs (ici des Réunionnais contre les Mahorais) est en dissonance cognitive avec ceux qui ont une argumentation strictement anticolonialiste. Les conflits ethniques et culturels découlant de migrations de populations sur un territoire insulaire ne peuvent pas être rejetés uniquement sur le dos d’une ancienne puissance coloniale, les migrations restent multiples et peuvent venir d’autres pays ex-colonisés. La gauche identitaire est incapable de pouvoir résoudre le fait migratoire par des mesures protectionnistes à cause de son logiciel prétendument antiraciste et anticolonialiste réducteur.

Dépasser le traumatisme post-colonial

Il est aujourd’hui l’heure de pouvoir dépasser tout ressentiment par l’étude Historique. Yves Combeau disait lors de journée d’Histoire en 2013 des 50 ans de la présence politique de l’ancien Premier ministre Debré à la Réunion qu’il faut faire un « droit d’inventaire pour regarder ce qui s’est passé pendant 25 ans (la députation de Debré à la Réunion entre 1963 et 1988). On est au cœur du métier d’historien, c’est-à-dire d’être celui avec le doute, examinateur. Même sur un sujet qui peut être brûlant, qui faire des controverses, nous sommes en mesure de poser ce sujet, cet objet d’étude et d’en débattre paisiblement ».

Tout d’abord, la Réunion est issue du premier empire colonial français sous la Monarchie et non du deuxième empire colonial établi sous la République. La conquête coloniale de la Réunion diffère autant le premier empire avec des espaces déjà peuplés (Amérique du Nord, Antilles) où leurs populations d’origine ont quasiment disparu et le deuxième empire colonial où la France est allé coloniser des populations Afrique et en Asie sous l’impulsion de Jules Ferry, soit sous influence de l’intelligentsia scientifique de gauche qui a hiérarchisé les races, comme pour contrebalancer la défaite et le ressentiment contre l’Allemagne. Quand aujourd’hui, on critique violemment le colonialisme du second empire et l’indigénat, qui en phase avec la République française, pour parler de l’esclavage en tant que français domien/ultramarin alors que les racines de l’esclavage remontent avec le colonialisme de peuplement de population d’Européen du premier empire, c’est être anachronique. Le pire étant de faire cette critique tout en se considérant de cette gauche républicaine, on pourrait appeler le « syndrome Taubira ».

Pacifier la Réunion avec son passé, c’est accepter de dire la grille de lecture anticolonialiste du second empire colonial aussi utile soit-elle, elle est à côté de la plaque pour expliquer la situation réunionnaise d’aujourd’hui. Prendre tout comme un bloc occulte les nuances. L’anticolonialisme comme le pro-colonialisme sont deux formes aliénantes pour pouvoir comprendre l’Histoire réunionnaise complexe.

Le cas Michel Debré

La plus grande erreur de Michel Debré en s’installant politiquement à la Réunion, c’était justement de participer à l’assimilation de la Réunion à la France dans son processus de départementalisation suite à l’échec de l’Algérie française issu du deuxième Empire Coloniale qu’il chérissait tant, avec le même zèle du républicain de la IIIe République. L’actuelle diabolisation quasi-systématique de Michel Debré par toute la doxa de gauche réunionnais participe à ce un coup de baguette magique du reductio ad hitlerium.

Le crime qu’il aurait commis concerne la « déportation » des enfants dit « de la Creuse ». Ericka Bareigts comme porte-parole de la gauche est allé jusqu’à dire concernant ces derniers :

« Souvenons-nous et construisons un avenir dans la dignité, et la fraternité autour d’une République refusant l’assimilation forcé et préservant la richesse de sa diversité ».

L’erreur des enfants dit de la Creuse est-elle une excuse pour pouvoir abandonner le pacte républicain assimilationniste ? Oui, selon cette gauche socialiste converti au mondialisme et à l’intégration multiculturelle anglosaxon.

Pacte républicain assimilationniste que n’abandonne pas l’ex communiste la député Bello. Ceci démontre le fossé qui sépare ces deux femmes de « gauche », dû à un écart générationnel et de formation politique.

Il ne faut pas oublier que c’est l’ex député-ministre du Gouvernement Valls, Ericka Bareigts qui a voulu faire introduire dans notre calendrier des fêtes religieux musulmanes, compatible à la matrice multiculturaliste.

Très récemment des historiens réunionnais, dont un ancien député socialiste, se sont réuni pour écrire un livre pour répondre à cette vague de critique incessante qui dépasse malheureusement souvent toute logique de l’analyse historique pour modérer le bilan considéré comme mitigé de Michel Debré à la Réunion.

Déraciner plus de 2 000 enfants entre 1963 et 1982, c’est horrible mais la plus grande erreur statistique du Bumidom reste l’envoi de dizaine de milliers de jeunes antillais en Hexagone sans possibilité de retour causant l’actuel vieillissement de la population antillaise.

Cette diabolisation de Debré peut être en partie comparée à la diabolisation de Napoléon par la gauche au niveau régional, comme au niveau national. Je dis bien en partie, car les deux parcours n’ont pas eu le même éclat de grandeur au niveau national et mondial, bien que Debré a façonné la Ve République et l’Outre-mer français actuel.

Pour en revenir à Taubira avec sa loi reconnaissant l’esclavage comme crime contre l’Humanité, cela entre dans une logique victimaire et de concurrence des mémoires, dont la finalité affaibli la cohésion nationale. Une des premières personnalités à avoir critiqué cette dérive de sacralisation mémorielle comme credo d’Etat incritiquable au détriment de l’étude historique et donc l’instrumentalisation politicienne de cette dernière comme moyen de censure n’est autre que le célèbre avocat Réunionnais Jacques Vergès. Comme le dit l’historien, « La mémoire divise, l’Histoire rassemble ».

Mitterrand a instrumentalisé l’antiracisme institutionnel, comme moyen de pouvoir masquer le tournant de la rigueur abandonnant la ligne sociale du programme commun conclu avec le Parti communiste Français et pousser les classes populaires, en concurrence déloyale sur le marché de l’emploi avec les travailleurs issus de l’immigration massive, vers le discours du Front national de Jean-Marie Le Pen que Mitterrand intervient pour qu’on médiatise plus ce dernier.

Le « socialiste » Lionel Jospin va lui-même reconnaître plus tard que l’antifascisme n’est que du théâtre politique instrumentalisé par la Mitterrandie, mais également concernant l’entre-deux tours des présidentielles de 2002 entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen.

SOS Racisme et ses boomers soixante-huitards antifascistes de pacotille a élevé toute une jeune génération des banlieues de couleurs qui aujourd’hui s’émancipent de cet antiracisme universaliste politiquement instrumentalisé, pour un « antiracisme racialiste » décomplexé et toujours aussi instrumentalisé. La transition de cet antiracisme mute aujourd’hui vers un Black Lives Matter totalement importé des USA. Greg Toussaint, youtubeur humoriste réunionnais connu dans le milieu de la droite française, se moque de cette radicalisation « antiraciste ».

B.L.M est importé en France aujourd’hui par des Camélia Jordana qui chante du Gospel en anglais dans Paris et qui s’est cru être une afro-étatsunienne dans le Mississippi lors de l’époque de la ségrégation.

Le « syndrome Taubira » donne naissance à des myriades de militants inconsciemment dangereux qui n’arrivent plus à comprendre que seul l’universalisme est véritablement antiraciste et peut émanciper un individu d’une aliénation communautariste. Cela donne naissance à des dialogues de sourd surréaliste à cause de discours alimentant aveuglément du ressentiment, comme ici Thuram face à Polony.

L’abandon du progrès social dans la social-démocratie par tous les partis de gouvernement dit de gauche est acté depuis les années 1980, font que les lois sociétales symboliques sont l’unique vernis de survie des partis de gauche pour mieux masquer qu’ils sont devenus social-traîte.

La « socialiste » Ericka Bareigts est exactement dans cette lignée avec une loi mémorielle tentant de faire oublier l’impuissance politique du quinquennat d’Hollande, où le PS n’a fait que trahir les idéaux sociaux et progressistes depuis 1983.

Droit d’inventaire de la gauche réunionnaise

On peut légitimement se demander le parcours idéologique du défunt leader communiste réunionnais Paul Vergès a été cohérent ou pas. Il a commencé son parcours politique en demandant plus d’autonomie des départements d’Outre-mer. Élu député européen de 1979 jusqu’à 1989 et de 2004 jusqu’à 2007 et parallèlement président de la Région Réunion de 1998 jusqu’à 2010, il s’est modéré sur la question de l’autonomie durant l’exercice du pouvoir en se ralliant petit à petit à l’économie de marché incarné par le Parlement l’Union européenne. Certainement, il a été amadoué par les fonds européens et diverses subventions que l’UE arrose à la Réunion due à sa particularité en tant que R.U.P (régions ultra-Périphériques). Il est mort comme tout bon vieux politicard cumulard bien au chaud planqué au Sénat entre 1996 jusqu’à sa mort en 2016 (avec une coupure entre 2004 et 2011).

Est-ce que la nouvelle présidente de la Région Réunion, qui remet la « gauche » au pouvoir depuis l’échec de Paul Vergès aux régionales de 2010, aurait un parcours idéologique qui se serait dévoyé comme ce dernier ?

Huguette Bello, est une ex député-maire du Parti communiste Réunionnais devenue dissidente depuis 2012, qui a été élue à la tête de la Région Réunion en juin dernier suite à sa deuxième tentative à l’élection régionale, après celle de 2015.

Rien n’était gagné pour Bello où les sondages semblaient montrer que c’était Bareigts qui était le challenger principal du président de droite sortant et où le Parti communiste Réunionnais avait même préféré de soutenir à la maire socialiste de St-Denis Ericka Bareigts, soutien indéfectible du président Macron, que préférer de soutenir la dissidente communiste Bello à cause d’une querelle du passée.

La gauche était plus désunie que jamais avec des phrases fratricides tel que celui du maire socialiste de Saint-Joseph et lui aussi candidat pour les régionales, ancien soutient de l’altermondialiste Montebourg :

« Les gens que je rencontre partout sur l’île disent qu’il y a deux listes à droite aujourd’hui », glisse Patrick Lebreton, faisant référence à celle de Didier Robert et à celle d’Ericka Bareigts. Il enfonce le clou, évoquant la proximité entre l’ancienne ministre des Outre-mer et Emmanuel Macron : « on ne peut pas se déclarer de gauche ».

Ce qui n’a pas empêché ces trois candidats de gauche totalement désunie de se rassembler comme un seul homme derrière Bello au second tour des régionales. Dans son discours d’investiture à la tête de la Région, Bello a réitéré le fait de mettre la culture réunionnaise au centre de sa mandature en faisant référence à un célèbre esclave en marronnage dans l’imaginaire collectif réunionnais, avec cette formule de conclusion : « Comme Cimandef, nous ne plions pas la tête, nous faisons vivre la liberté, l’égalité et la fraternité ! ». C’est dans ce sens que le Maloya a résonné dans l’hôtel de la Région Réunion.

Est-ce que l’instrumentalisation politique de tous ces symboles culturels et les références au marronnage ne sont-ils pas à côté de la plaque à l’heure où la classe politique est aux abonnés absents pour rejeter le très controversé « pass sanitaire » contesté par la majorité silencieuse réunionnaise qui fait contre la société contre les actuelles lois liberticides ? Sans parler du fait d’utiliser uniquement des symboles forts comme simple aveu d’impuissance politique qu’avec une simple gestion des budgets de région sans réelle marche de manœuvre plus conséquents de pouvoir lutter contre les dérives de la Macronie.

Un épisode intéressant des régionales a été la justification médiatique de la récupération du co-fondateur du Parti « croire et oser », Frédéric Maillot, au marché du Chaudron le 9 mai dernier :

« Je suis très heureuse d’accueillir Frédéric Maillot qui est ce militant, ce travailleur social militant du Chaudron qui a mené un grand combat contre la vie chère ici notamment, pour la dignité des Réunionnais. Et donc il n’est pas seulement ce travailleur social, ce combattant pour que le Réunionnais relève la tête, ce militant qui n’accepte pas la fatalité donc c’est exemplaire aujourd’hui de ne pas se plier ! De faire un peu comme Cimendef (SIC !), de ne pas courber la tête devant toute cette politique qui est mené et qui écrase le plus petit : les classes populaires sont écrasées et donc cette classe populaire, il faut qu’elle se relève. Les classes moyennes sont attaquées ! Il n’y a que les entreprises, les multinationales qui lèvent la tête ! Donc on voit bien avec les entreprises pharmaceutiques, pendant que tout le monde est en train de mourir, presque, les entreprises pharmaceutiques font des milliards et des milliards et des centaines de milliards d’euros de bénéfices ! C’est pour cela que je suis très heureuse d’accueillir Frédéric Maillot qui va se présenter lui-même, je suis fière ! » , Huguette Bello.

Ce dernier en créole réunionnais, traduction en français : « Bonjour, je suis Frédéric Maillot. Je suis un enfant du Chaudron et quand tu habites au Chaudron. Souvent, on te dit quand la Réunion a mal au ventre, le Chaudron pète ! Et, heu, donc le combat social, le progrès aussi, c’est quelque chose qui m’habite et c’est quelque chose que j’ai retrouvé dans l’équipe de Madame Bello. C’est pour ça que j’ai accepté de les rejoindre pour relever le défi. Le défi qui nous n’attend pas seulement à nous, mais à l’ensemble des Réunionnais pour plus de justice sociale, pour un monde culturel meilleur. Parce que je vois qu’on vient danser du Kuduro dans le Hall d’entrée de [l’hôtel] de Région quand on baisse le crédit sur les subventions des cultures, c’est quelque chose qui me fait dire de nous réveiller. Donc rejoindre le combat, rejoindre la lutte, c’est quelque chose qui m’a attiré. C’est pour ça aujourd’hui, je suis présent au côté de Madame Bello »

La dernière tribune de l’Observatoire de Vie Politique à la Réunion précédemment cité ne mâche pas ses mots contre la récupération de la culture réunionnaise en politique comme moyen de neutraliser un message contestataire :

« De la fin des années 1970 à nos jours, les « groupes culturels » autour du maloya et de l’identité́ réunionnaise se sont multipliés dans le paysage culturel réunionnais. Des premières radios « libres » à l’agence « komifo », de « ziskakan » aux « ronds maloyas » ils se veulent à l’origine une réponse à l’autisme des médias réunionnais sur les questions liées à l’histoire du peuplement par exemple.

Considère par les militants « identitaires » ou du mouvement « maloya » qui les créent comme des outils politiques, ils s’autonomisent peu à peu de la sphère politique pour devenir des médias « comme les autres ». La contestation portée par le maloya électrique (ziskakan), qui a été́ (et reste) un vecteur de politisation essentiel dans la sphère culturelle, a été́ également aseptisée par certaines institutions — en particulier la Région — et promoteurs de la « misik lokal », qui ont financé́ les groupes conformes à l’idéologie dominante du profit.

Sur ce sujet, alors que tout prédisposait les « musiciens » à délivrer des messages révolutionnaires, ils n’ont gardé́ de cela que la pratique des instruments et la mise en scène rythmique. « Jouer maloya » n’est aujourd’hui qu’une parodie du message originel.

Par ailleurs, ces musiciens sont devenus élégants et chics, ne se privent pas de posséder une belle voiture, participent aux soirées mondaines tout en n’oubliant pas de s’afficher sur les réseaux sociaux. Ils sont davantage dans un jeu de séduction.

Le système récupère alors la substance profonde du message et ne laisse que la surface, l’esthétisme. Le système a vaincu.

Extrêmement complaisants avec le monde politique et soumis au système marchand, ils contribuent chaque jour à « dépolitiser » la forme de contestation la plus aboutie qui existe dans ce pays : notre culture. »

L’alliance de circonstance des gauches à la Région peut voler en éclats quand la campagne des présidentielles va s’intensifier fragilisant cette nouvelle majorité de la Région à cause des soutiens de ces gauches dits irréconciliables. En attendant la gauche macaroniste et la gauche insoumise sont bel et bien main dans la main à la tête de la Région Réunion, sans parler Mélenchon qui est venu en amont en décembre dernier faire les yeux doux tranquillement à la maire socialiste En Marche de la capital réunionnaise.

Le spectre créole lors des présidentielles de 2022 ?

Le 20 décembre 2020, Jean-Luc Mélenchon est venu spécialement commémorer l’abolition de l’esclavage à la Réunion, appelé aussi fête kaf ou fête métissé, à Saint-Paul au côté d’Huguette Bello.

C’est grâce à l’élection de Mitterrand en 1981 qu’a pu accélérer la démarche juridique pour rendre cette fête régionale fériée. Il existe en réalité 7 dates de commémoration de l’esclavage qui comprend la date nationale liée à la loi Taubira et celles des différents territoires ultramarins selon leurs histoires spécifiques.

Si Mélenchon, ex sénateur socialiste, est venu fêter l’abolition de l’esclavage le 20 décembre 2020 à la Réunion, en flattant l’ego des créoles par son paternalisme en tant qu’ex sénateur socialiste ce n’est pas anodin. Ce dernier est en plein dérive racialiste en abandonnant l’universalisme républicain, il appelle en vociférant à la créolisation et au métissage de la France entière.

Bien sûr avec la caution créole d’Huguette Bello qui apporte pleinement son soutien aux prochaines présidentielles avec son discours à l’université d’été des Insoumis à Valence.

Pas tout est à jeter dans son discours. Les 3 moments forts sont :

  • la prise en exemple du devoir mémoriel lié à l’abolition de l’esclavage, de la créolisation et du marronnage de la Réunion pour le reste de la France (idée farfelue) ;

-l’éloge de la puissance maritime française ultramarine, du Conseil National de Résistance et une certaine idée de la France avec un très léger accent monarchiste en paraphrasant donc De Gaulle et citant Charles Quint et l’expression qui lui est associé « l’Empire sur lequel le Soleil ne se couche jamais » (la meilleure partie).

Tout ça en concluant sur Cimendef (putain, mais encore !!!) : mélanger Charles Quint et Cimendef à des militants gauchistes caucasiens, c’est un peu fort de café !

Alors que le métissage est plutôt lié à un choix personnel privé, un présidentiable choisit de faire du métissage un projet de politique national ce qui est un chemin glissant assez dangereux. Même le controversé Kemi Seba fait cette distinction entre le métissage à titre individuel et le projet politique mondialiste de forcer au métissage.

La dérive racialiste de la gauche

Aujourd’hui, le problème racialiste ne vient plus tant que de la droite identitaire mais bien de cette gauche néo-racialiste. À défaut de pouvoir évoquer trop de nom, autant se concentrer sur la personne qui nous concerne le plus en tant que réunionnais, soit Françoise Vergès.

Fille de Paul Vergès, elle a vécu sur le front de la guerre froide à la Réunion dans l’ombre de son père dans un contexte tendu. A force de parler de la déconstruction du privilège blanc, je me demande si mentalement en elle va bien, elle descendant de la bourgeoisie coloniale française à Bourbon.

Vivre par de l’argent public via le financement de divers organismes avec nos impôts pour cracher sur l’Histoire de ses propres ancêtres est un étrange procédé

La preuve qu’elle est loin d’être neutre, voici l’exemple flagrant d’une tentative de justification avec d’argument mensonger à propos du meurtre non-élucidé d’Alexis de Villeneuve en 1946. Alors que l’hypothèse la plus folle veut faire reposer la responsabilité sur Jacques Vergès protégé par son frère Paul, aujourd’hui le mystère reste bien que ce dernier ait affirmé, dans un entretien dévoilé publiquement de manière posthume, qu’il avait la conviction que le tueur présumé était un partisan d’Alexis de Villeneuve lui-même mort quelques années plus tard dans de drôle de circonstances, mais qu’il n’a jamais voulu citer son nom sachant son innocence (à voir dans cette vidéo entre la 23e minutes et 35 secondes, et la 29e minutes, et 20 secondes). Bref, démêler le vrai du faux avec ce fait historique n’est pas mon but, ni dans mes moyens d’ailleurs, mais le but était d’évoquer la drôle d’interprétation de la fille où elle assimile le centriste Alexis de Villeneuve à un « proto-fasciste ». Comment croire en la neutralité des travaux d’une historienne ayant une mauvaise foi concernant des faits associés à son histoire familiale pour employer un terme aussi stupide que même son père n’a jamais employé ?

Françoise Vergès est directement étroitement liée à un autre historien très peu orienté (ironie), Pascal Blanchard. C’est celui qui a fait un très long documentaire en deux parties sur le service public sur la colonisation et la décolonisation en octobre 2020, avec la voix off du scénariste et acteur martiniquais Lucien Jean-Baptiste, avec bien sûr toute une promotion médiatique du service public. Le problème, c’est qu’il est un conseiller du président Macron dans sa stratégie politicienne mémorielle et cela n’est aucunement anodin. Il n’est en rien un historien, mais bien un idéologue en influençant et conseillant Macron dans sa démarche de déconstruction du roman national Français déjà affaibli. Ce qui me gêne dans le documentaire « Du sang et des larmes », c’est bien la confusion entre le premier empire coloniale français et son deuxième empire concernant spécifiquement les outre-mer français actuel qui crée aujourd’hui une nouvelle aliénation des ultramarins.

Pour terminer sur une méditation historique spécialement pour Françoise Vergès et Pascal Blanchard, obsédé à déconstruire le « privilège blanc » qu’ils incarnent paradoxalement à eux deux tout seul, je conclurai sur une citation de Paul Vergès dans son livre d’entretien avec Brigitte Croisier aux éditions L’Harmattan, publié en 1993 :

« La Réunion, les Antilles et la Guyane sont des restes du premier empire colonial français, qui englobait aussi les comptoirs de l’Inde et St-Louis du Sénégal. D’où leur appellation des « quatre veilles » colonies. Il y a peu d’exemples de pays qui ont subi la colonisation pendant près de trois siècles et dont le peuplement a été totalement façonné par le colonisateur. La Réunion était inhabitée […] Ce peuplement est caractérisé par l’importance d’une population d’origine européenne, à la différence des Antilles. Cette population a vécu au départ un peu comme Robin Crusoé, jusqu’à la décision de la Compagnie des Indes de mettre l’île en valeur, au début du XVIIIème siècle ».

Le statu quo Réunionnais

Le statu quo, c’est la promotion de tout discours naïf est bien souvent fait de bon sentiment tel que l’antiracisme, les questions mémorielles, le féminisme ou encore le lgbtisme.

Tant que ces questions sociétales nombrilistes, qui se sont substitué à la question des classes sociales à cause d’un marxisme en plein reflux, ne remettent pas en question l’ordre socio-économique préétabli, elles seront toujours inoffensives pour le système politico-médiatique et seront toujours relayées avec bienveillance comme par les forces du « progrès ».

La Fondation Terra Nova, club de réflexion proche du Parti socialiste, a bien acté depuis 2011 l’abandon des classes populaires par la gauche au profit des jeunes, des minorités ethniques et sexuelles en sommes préférant les questions sociétaux aux questions sociales-économiques. Le journaliste Kevin Boucaud-Victoire, le rédacteur en chef de la rubrique débats et idées du journal Marianne, évoque ici l’évolution de la gauche et sa dérive datant depuis les années 1980. L’équilibriste macroniste Bareigts pourrait mieux vous en parler avec une simple image.

La une du Quotidien de la Réunion et de l’Océan Indien du 29 août dernier aurait pu parler de la flotte dans le sud de l’île du jour précédent ayant causé d’énorme dégâts, dont des routes cassées, des maisons inondées et mais surtout la mort d’un SDF emporté par les eaux… mais le titre a été tout autrement : « Les larmes de joie de Dana ». Certaines larmes valent plus que d’autres, c’est comme ça que fonctionne le marché ! Ce n’est certainement pas cette étudiante en Master 2 Monnaie Banque Finance Assurance qui va remettre en question le système qu’il l’a promue. Pour son année de règne, elle a trouvé sa cause : « La cause que je souhaiterais défendre est l’émancipation des femmes réunionnaises ». Bien sur la solidarité féminine n’a jamais existé puisque les femmes sont quasiment toujours jalouses entre elles, Laura Potin en sait quelque chose. La rivalité féminine est connue depuis la nuit des temps.

Le système vous offre plusieurs de ces pantins, vous avez le choix : soit vous pouvez écouter Miss Wonder Woman, soit Mis(s)/ter LGBTQIA+ ou en dernière option avec un vernis plus local vous avez Mister Maloya. Bien sûr tout en récitant religieusement un bon « je vous salue le saint vivre-ensemble » pour bien montrer patte blanche à ce système et maintenir le statu quo. Mais si des militants en proximité idéologique avec la gauche culturelle veulent s’aliéner avec le discours d’une Miss Vivre-Ensemble, vous êtes libre et vous en avez le droit. Ne vous étonnez plus ensuite de vous faire berner ensuite par cette gauche du fric qui ne dit pas son nom. Le problème, c’est que vous êtes coincés dans le piège de l’ennemi en reprenant son discours et donc son venin. La gauche culturelle issue des milieux associatifs subventionnés est aliénée par un discours occidental sans même que les personnes qui relaient e ce discours en ait conscience, car ils sont sincères dans leur propre aliénation. Donc si vous voulez vous aliénez avec le discours aseptisé d’artiste locale prêt à soutenir une socialiste-macroniste invoquant une « égalité réelle » inexistant et les « forces de progrès », vous avez le droit de fermer les yeux.

Je ne peux qu’être d’accord avec Kémi Séba quand lors de sa dernière venue à la Réunion déclare : « Je pense qu’à un moment donné, on doit arrêter de vivre avec des slogans : la Réunion n’est pas une agence publicitaire dans laquelle on peut dire que le vivre-ensemble à chaque seconde en disant que tout va bien ».

Mais de mettre l’accent sur les kafs en appelant tout le monde frère, comme si par simple origine ethnique, on serait tous issu de la famille. Cette vision racialiste éludant les antagonismes de classe qui me déplaît. Mais cette brèche racialiste kaf n’est pas de la faute Kémi Séba. Ce n’est pas lui qui l’a ouverte, mais bien le Parti communiste Réunionnais. Reconnaître le 20 décembre la fête kaf, soit la commémoration de l’abolition de l’esclavage qui était autrefois très mal perçu et interdit par le pouvoir central assimilationniste français, a été très utile face à ce très long déni historique. Mais n’est-on pas passé d’un extrême (interdiction de fêter cette commémoration de l’abolition de l’esclavage), à la sacralisation de cette fête comme mythe fondateur de la société réunionnais multiculturelle ? On y a pu intégrer les diverses populations comme les engagées au côté des kafs, cela a été bien. Mais la société réunionnaise a été fondé en 1663 par les colons Français avec l’alliance de femmes malgaches et indiennes donnant naissance aux tous premiers créoles métissés. Voici notre réel mythe fondateur trop occulté par cette fête de la liberté que les descendants de gros blancs comme petits blancs ne peuvent pas totalement s’y reconnaître. Les yabs au discours de Danyel Waro sont plutôt rares.

Comme solution mémorielle, on devrait revoir notre mythe fédérateur régional et passer de la Fête kaf, qui doit être maintenu bien sûr comme fête régionale majeur, à une commémoration début du peuplement, soit celle 12 novembre 1663 (correspondant également au 12 novembre 2016, la mort de Paul Paul).

Le député Michel Debré est venu célébrer le tricentenaire du peuplement de la Réunion en 1965, tout en sachant que l’année du véritable tricentenaire était en 1963, mais surtout sans mettre l’accent sur les couples mixtes de l’époque entre les colons français et les femmes malgaches et indo-portugaises. Ce choix délibéré avait pour but d’en-avant l’origine strictement français de la Réunion.

Conclusion

Bob Marley l’a chanté dans Redemption Song : « Affranchissez-vous de l’esclavage mental. Personne d’autres que nous ne peut libérer nos esprits ». Blacko ne dit pas mieux avec ces paroles : « Les chaînes ne sont plus à nos pieds, mais dans nos esprits ». Mais vous pouvez rester dans la matrice et vous illusionner avec le catéchisme du vivre-ensemble, le folklore culturel, « l’antiracisme » Black Lives Matter et tout son pognon, la défense de la cause féministe ou de la cause LGBTQIA+ en tenant un discours aussi naïf que celui d’une Miss complètement conditionnée par le système qui l’a sélectionné. Faites comme la métisse créole par sa mère, la chanteuse Beyoncé, plus Black Live Matter monte dans le marketing politique, plus elle se noircit et joue de son africanité. Le nouvel esclavage mental est la religion du « vivre-ensemble », de « l’antiracisme » et la question mémorielle lié à l’abolition l’esclavage que le système politico-médiatique exploite via son avatar Black Lives Matter pour affaiblir la communauté nationale, l’ultime cellule la plus élargie d’une société pour pouvoir se protéger contre les méfaits de la gestion du covid 19 via le mondialisme et sa « solution piège » le Great Reset. Après vous avez le choix de prendre tout le folklore africain qui n’a rien avoir avec la culture créole mélangé et jouer aux militants culturels de pacotille de la cause afro-créole excluant les petits-blancs. Voire faites comme ces indépendantistes kanaks qui se sont enchaînés et soumis devant les organismes internationaux pour devenir des esclaves obligés de rembourser éternellement la dette.

Mais on peut se demander, d’où est-ce que tu parles camarades ? À l’instar de l’avocat du diable Jacques Vergès, le métis vietnamien et colon français qui peut comprendre le colonisé Algérien, le colon pied-noir, le privilégié bourgeois parisien, le prolétaire du nord des bassins miniers, je suis un métis social qui peut essayer de comprendre autant tous les archétypes de la société réunionnaise, comme de la société française. La comparaison s’arrête à là, je ne prétends pas à avoir le niveau de connaissance, ni l’éloquence de ce dernier car bien plus limité. Je suis une espèce en voie d’extinction, une sorte de national-républicain du 21ème siècle, un Français souverainiste de gauche qui prône un dépassement du clivage gauche/droite car non-dogmatique. Mais avant d’être Français, je suis bien sûr Bourbonnais, affranchi de tous les démons identitaires imposé par la doxa anticolonialiste comme la doxa strictement debréïste. Notre jeune et nouvelle génération a besoin de dépasser ce vieux clivage pour créer un meilleur rassemblement.

Mais au lieu de se focaliser futilement sur ma personne, en attendant, le piège mondialiste se referme sur nous tous et la très grave crise est devant nous et on est sur le même bateau qui coule. Ne prenez en aucun cas « éveilleur de conscience » ceux qui répètent joyeusement un logiciel crée par le système. Je terminerai avec deux citations:

– « Le consensus, c’est l’aliénation joyeuse », Jean Bothorel.

-« Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons tous mourir ensemble comme des idiots », Martin Luther King.

Quelle ironie de conclure sur le vivre-ensemble…

  • Article très intéressant, très détaillé et bien sourcé. Tu mets en avant les contradictions du progressisme importé des Etats-Unis (BLM, Antiracisme, LGBT etc…) qui derrière de belles intentions philosophiques en apparence « bienveillantes » et « inclusives » contribue à diviser les réunionnais et les français en les classant dans des catégories abstraites comme la race, le sexe, la religion, l’orientation sexuelle, et maintenant « l’identité de genre ».

    Cependant, je trouve qu’à un moment tu t’égares, cet article là est mieux construit et moins éparpillé que « Déconstruire la Macronie » mais les personnes qui n’ont pas l’habitude de lire des pavés auront du mal à comprendre ton propos car tu utilises souvent un vocabulaire technique (ce qui n’est pas un mal en soi, ça se voit que tu es cultivé, passionné et que tu as du potentiel) mais ce serait dommage que le quidam ne puisse pas savoir ce que tu défends vraiment. Peut-être pourrais-tu définir certains termes (notamment les mots qui se finissent en « -isme » il faut les employer avec précaution) ou les expliquer, je te recommande ce dictionnaire si tu souhaites le faire:

    https://www.lexilogos.com/francais_dictionnaire.htm

    Il t’arrive aussi d’utiliser « je » ou d’autres marques de la première personne du singulier, du coup compliqué de savoir si tu défends ton opinion ou décris des faits de société de la manière la plus objective possible.

    En tout cas t’as un énorme potentiel, un style de rédaction qui t’est propre et des connaissances solides. Je t’ai donné quelques conseils, à toi de voir s’ils t’intéressent ou pas.

    Continue tu t’amélioreras avec le temps et les critiques constructives t’aideront, et bien sûr n’hésite pas à me dire ce que tu penses de mon commentaire. J’ai sûrement dit des aneries. Je continuerai à suivre ton site et à lire tes articles, bon courage dans cette aventure.

    SinInk 18 septembre 2021 12:00 pm Répondre
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