L’impasse Réunionnaise!

Quelque part dans les rues dionysiennes…

Aujourd’hui, nous sommes le dimanche 19 septembre 2021, nous célébrons le très triste anniversaire des dix ans du premier drame mortel de la crise requin à La Réunion qui s’est ensuivi.

Suite à ce drame, la maire de Saint-Paul de l’époque, une certaine Huguette Bello, s’est retrouvée verbalement prise à partie lorsqu’elle s’est rendue sur les lieux, face à une foule en colère. Un métropolitain lui lançant : « On n’a jamais eu de problème, ça fait vingt ans que j’habite ici, vous savez ce qu’il se passe ici ? Vous n’y connaissez rien ! ». Ce à quoi elle répondit sèchement : « C’est mon pays, monsieur, je connais mon pays, ça fait soixante ans que j’y vis, moi ! ».

Tous les ingrédients sont là, sous le coup de l’émotion, pour créer un immense « bad buzz », dont Madame Bello s’est retrouvée au centre, et la classe politique réunionnaise a été obligée de réagir pour condamner ces propos polémiques considérés comme un « dérapage ».

Ce sont toutes les bases solides du mantra « vivre-ensemble réunionnais » qui ont été ébranlées par une simple petite phrase, qui était censée pour une élue qui avait injustement insulté « d’assassin ». C’est factuel de dire que la pratique du surf est une pratique importée, tout simplement parce que les pratiques de loisirs maritimes hors des barrières de corail ne font pas partie des habitudes du réunionnais lambda. Comment s’étonner que les victimes des attaques mortelles des requins soient exclusivement des métropolitains ?

Serait-ce un racisme anti-blanc systématique de ces êtres sous-marins de l’océan Indien envers des êtres terrestres ? J’invite le journaliste-candidat parisien Eric Zemmour, fin connaisseur de tous les territoires de France et de Navarre, à s’intéresser à cette discrimination qu’il connaît par cœur.

-Il faut vraiment que je précise que cela vient de Marianne?-

Pourquoi revenir avec ce tollé médiatique suite aux propos de Madame Bello il y a dix ans ? Tout simplement parce que Madame Bello, aujourd’hui présidente de la Région Réunion depuis peu, vient de sortir très récemment des propos similaires, sauf que cette fois-ci les médias ne l’ont pas accablée, ni la classe politique locale. Y aurait-il eu une bascule dans le traitement médiatique ?

Revenons sur cet épisode trop peu commenté ! Nous sommes le samedi 11 septembre dernier (ça ne s’invente pas comme date) et nous sommes toujours à Saint-Paul. Mais cette fois-ci, le contexte est différent car nous sommes à la 9ème manifestation contre le pass sanitaire où ont convergé pour la première fois les manifestants du nord et du sud, ainsi que divers collectifs, dont des membres actifs du milieu associatif sportif, dans la sous-préfecture de l’Ouest.

Il s’agit de la grande manifestation avant la date fatidique du 15 septembre où des milliers de soignants, d’infirmières, de médecins, de personnels administratifs de santé, de sages-femmes, d’étudiants se destinant à des professions de santé, mais aussi des milliers de pompiers, de militaires, de gendarmes se retrouvent suspendus de leurs fonctions s’ils n’ont pas entamé un schéma vaccinal.

L’altercation bien fortuite s’est produite entre l’une des cheffes de file du mouvement anti-pass nordiste, Vanessa Germain Benhamou, et Huguette Bello (qu’on ne présente plus), qui se trouvait à titre privé par le plus grand des hasards en visite dans son fief électoral. La militante, d’origine métropolitaine, interpelle la présidente de la Région pour venir discuter avec ces militants qui ne sont reçus par aucun élu local depuis plusieurs semaines de manifestations. Ce à quoi Madame Bello répond sèchement : « vous ignorez l’histoire sanitaire de La Réunion, alors ne parlez pas ! ».

Madame Huguette a brandi le chiffon rouge et sa contradictrice s’est précipitée tête baissée. Cette dernière répondant en créole avec un accent métropolitain, ne comprend pas qu’elle a déjà perdu la partie avec sa justification qui serait plutôt mal perçue par l’opinion en raison de sa tenue de danseuse de séga, qui pourrait être considérée comme une « appropriation culturelle » inconsciemment assimilée à une tenue folklorique. Sa légitimité en tant que Réunionnaise avait déjà été largement débattue dans l’opinion.

Bello ne fait que suivre la très bonne stratégie de communication de son collègue du Sud quelques mois plus tôt, qui venait d’un autre bord politique et n’a pas non plus suscité de polémique en l’absence de pression médiatique. Il s’agissait en l’occurrence de Michel Fontaine, qui réagissait au blocage du chantier réalisé par plusieurs associations rassemblées dans un collectif de défense de la forêt de Casabona. Parmi ces associations figuraient notamment Extinction Rebellion, QG Zazalé, Greenpeace, Alternatiba, ATTAC, le Collectif des usagers de Manapany, Germin’acteurs et bien d’autres. Selon le maire LR de Saint-Pierre, ces collectifs ont dépassé les limites car « on peut discuter avec des gens responsables, pas avec des gens non patriotiques ».

Une partie non négligeable de ces activistes n’est pas réunionnaise et constitue des antennes locales d’associations de gauche directement liées à l’Hexagone. C’est la même galaxie de militants et de sympathisants qui sont aujourd’hui actifs dans les diverses manifestations contre le pass sanitaire dans la capitale du sud.

Ainsi, la vive critique de Michel Fontaine à l’encontre de ces « activistes spécialistes qui ne sont pas fabriqués ici et qui viennent exercer ici » aurait dû susciter beaucoup plus de réactions, mais ce ne fut pas le cas. On cherche toujours le tollé médiatique, mais depuis, rien à signaler !

Pourquoi ? La classe politico-médiatique parvient à se dédouaner facilement de ses responsabilités en adoptant un simple discours contradictoire : « nous sommes en faveur d’une large couverture vaccinale de la population, mais contre ce pass sanitaire injuste », ce qui empêche toute critique réelle et frontale. C’est la position politique confortable du statu quo où personne ne remet en cause la ligne de l’alliance politico-sanitaire incarnée par la préfecture et l’ARS. C’est la position adoptée par la quasi-totalité de la classe politique actuelle, qui ne prend aucun risque.

Zoom sur un cas d’école de la gauche libertaire de la Réunion : le QG des Zazalé

Le QG des zazalé est né suite au mouvement de protestation des gilets jaunes, comme on peut le voir dans un reportage de Réunion Première, en tant que lieu de vivre ensemble entre créoles et zoreils, selon le journaliste Jean Marc Collienne.

Jean Marc Collienne est un journaliste bien implanté dans l’audiovisuel réunionnais. Il a interviewé un groupuscule indépendantiste Réunionnais avec un léger sourire moqueur (et il y avait de quoi !), mais il a également interviewé Marine Le Pen lors de sa première visite à La Réunion, où elle a annoncé qu’elle voulait faire interdire les appels à la prière, pour ensuite revenir à la charge lors d’un entretien sur la chaîne Outre-Mer Première à Paris (aujourd’hui fermée), s’opposant à Marine Le Pen et faisant la promotion du vivre-ensemble réunionnais… Lui, en tant que Belge, comme cette dernière l’a bien fait remarquer.

Bref, je m’égare concernant ce dernier. Pour en revenir au QG des Zazalé, voici un reportage de la chaîne Al Jazeera Français, si vous connaissez cette chaîne qui parvient à articuler la défense du voile, la lutte décoloniale, le féminisme et les LGBTQ+. Dans ce reportage, une résidente du QG du Tampon parle de son idéal de société moins patriarcale…

Comment ose-t-elle tenir ce genre de propos quand on sait que la société créole réunionnaise est par essence matriarcale ?! Comment ose-t-elle lutter contre le patriarcat réunionnais alors qu’il n’existe pas ? Cette phrase insensée est la marque du gauchisme post-marxiste importé de l’Occident. Nous avons pu constater que la société réunionnaise est matriarcale lorsque Madame Bello a été interpellée par cette militante anti-pass et que plusieurs militants anti-pass ont fait savoir sur les réseaux sociaux qu’ils soutenaient quand même la présidente de Région contre Vanessa Germain. Pourquoi ? Parce qu’on ne critique pas une femme âgée, c’est comme si Bello représentait inconsciemment la grand-mère des Réunionnais dans l’inconscient collectif, elle serait un peu la nouvelle Anne Mouse.

Quand on sait que la majorité silencieuse Réunionnaise, qu’ils soient vaccinés ou pas, ne supporte pas ce pass sanitaire contraignant s’immiscer dans notre vie quotidienne, on peut trouver ce soutien contre-intuitif et étonnant. Du moins, c’était la première raison invoquée, car peut-être au-delà de ce réflexe lié à notre société matriarcale se cachait plus hypocritement un ressentiment envers les métropolitains qui ne voulait pas dire son nom.

Tous les militants de la galaxie gauchiste sont des utopistes qui veulent des solutions bien concrètes pour le bien commun, telles que l’autosuffisance alimentaire. Mais l’un des points névralgiques pour qu’un mouvement de contestation puisse avoir le soutien de la majorité de la population lors d’une action, c’est que la population puisse se reconnaître dans la forme de ce mouvement. Or, qu’il soit trop incarné par des figures de l’Hexagone ou des créoles avec des discours et des pratiques gauchisantes auxquels la majorité silencieuse ne s’identifie pas, c’est compliqué pour trouver cette légitimité et avoir un soutien populaire.

Dans tous les cas, chapeau bas aux personnalités politiques qui savent retourner l’opinion contestataire contre leurs propres opposants à cause de leur légitimité déjà fragile en appuyant là où ça fait mal, c’est-à-dire un clivage culturel et ethnique, sans avoir le retour de bâton des médias tout simplement parce que les médias font le relais de l’information du couple ARS/Préfecture sans aucun recul. C’est peut-être du populisme démagogique, mais surtout être pro de la communication. Bravo à l’axe Bello/Fontaine, je suis vraiment épaté !

Il n’y a donc pas seulement la gauche libertaire hexagonale à critiquer, mais aussi celle bien locale, à l’instar de Zavyé Rivir et Frédérik Mayo, qui imitent tous les deux leur idole Danyèl Waro en modifiant l’orthographe française de leurs noms. Je vais signer cet article avec mon nom d’artiste réyoné pour bien montrer que mi lé un militan kiltirèl pli prosh do mon pèp ke zamé ! » Et cela importe peu que le premier Hoarau arrivé à l’île Bourbon ait été un Ch’ti ouvrier de la Compagnie des Indes Orientales, que le premier Rivière ait été un soldat venant des montagnes du Jura, que le premier Maillot ait été un soldat Eurois, et que plus de 150 des principaux noms de familles réunionnais dans le top 200 soient d’origine française, faisant de la composante française la principale population souche à la base de notre métissage, souvent occulté par nos maloyas mettant l’accent sur l’Afrique, l’Inde et Madagascar… (PS : Je suis un amateur spécialiste de la généalogie Réunionnaise).

« nos zancèt y sort l’Afrik, Inde, Mada »

Occulter notre origine Française (alors que la maxime dit bien « quand tu sais d’où tu viens, tu sais où tu vas ») tout en mettant systématiquement en avant un folklore africain, qui n’a rien à voir avec notre culture créole, et le matriarcat qui nous rend incapables de critiquer toute femme politique face à leur fuite devant leurs responsabilités réelles de lutter contre ce pass sanitaire honteux, entretient notre aliénation mentale. Ainsi, pour être sûrs de repousser la majorité silencieuse réunionnaise, continuons d’adopter des aspects matériels et immatériels importés d’ailleurs, qu’ils soient métropolitains ou Africains… Paix !

Signé : Zili1 Robèr Out Monmon !

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